Karine regarde son associé. Depuis près de 14 ans maintenant, elle forme avec lui une équipe efficace à la tête de la pharmacie du Marché. Elle s’occupe de développer les nouvelles missions et de manager l’équipe. Lui s’occupe plus des relations commerciales et des dossiers administratifs. Au fil de leur collaboration, une confiance mutuelle s’est installée. Mais aujourd’hui, la question de J-C bouscule ses certitudes.
- Et nous ? Tu crois que ça va nous tomber dessus aussi ?
- Comment cela nous tomber dessus ? rétorque la pharmacienne, inquiète. Je ne crois pas avoir accepté quoi que ce soit de Bergo, ni champagne ni téléviseur dernier cri… Pourquoi tu t’inquiètes ?
J-C soupire. Avant de s’associer avec Karine, le pharmacien se souvient avoir troqué des remises commerciales contre quelques cadeaux. À vrai dire, il avait complètement oublié mais son ami Jérôme vient de lui rappeler lors de leur conversation téléphonique. À deux doigts de tout avouer, il se ravise finalement et affiche un large sourire :
- Je ne sais pas. Tu as raison. Bon, tu voulais me parler de quoi ?
- De Madame Bey. Elle serait atteinte d’un syndrome de Diogène, tu connais ? On va prendre les choses en main avec Valérie Rivet.
Karine regarde sa montre :
- Je te raconterai plus tard. Il faut que je file. On a une réunion de bureau de CPTS. Nous avons soumis le protocole cystite aux médecins. J’espère qu’ils vont accepter.
J-C hausse les épaules :
- De toute façon, on devrait bientôt pouvoir délivrer la fosfomycine sans ordonnance. Si j’étais nommé nouveau ministre de la Santé, je signerais sans délai cette mesure…
- Oui mais tu ne l’es pas et je ne suis pas sûr que tu le sois un jour, plaisante son associée. À propos de ça d’ailleurs, il faut qu’on reparle du devis pour les toilettes dans la salle de test. Si on veut mettre en place le test par bandelette urinaire, il nous faut des toilettes accessibles.
- Hum, ça m’embête de devoir péter le carrelage pour ça…
- Et moi je ne veux pas que ça devienne des toilettes publiques. On en reparle tout à l’heure.
Dans l’espace clientèle, Gisèle oriente une cliente vers le comptoir de Kenza. La jeune fille est nerveuse :
- J’ai eu une gastro. Une amie m’a dit que j’avais peut-être vomi ma pilule. Vous croyez que ?… parce qu’en fait ça s’est passé avant le réveillon de la Saint-Sylvestre. Et, comment dire, j’ai… avec mon ex on a…
- Je crois que j’ai compris, la rassure Kenza.
- Il faudrait peut-être que je prenne la pilule du lendemain ?
- C’est possible en effet que votre contraception ait perdu en efficacité si vous avez vomi juste après avoir pris le comprimé. Vous vous en souvenez ?
- Ah non, j’ai vomi pendant la nuit. J’ai eu très mal au ventre, répond la patiente en rougissant.
- Donc pas de problème a priori. Quant à la pilule du lendemain, il faut la prendre soit dans les 3 jours, soit dans les 5 jours après le rapport. Si j’ai bien compris, on est hors délai ?
- Oui.
- De toute façon, si vous avez bien pris votre pilule tous les jours, il n’y a pas de problèmes en termes de contraception. Je vous laisse par ailleurs cette documentation qui rappelle l’intérêt de la pilule, mais aussi du préservatif pour protéger contre certaines maladies.
(À suivre…)