Il est devenu sapeur-pompier volontaire « par hasard », mais, depuis vingt-cinq ans, Jean-Charles Coudrier a découvert « des gens de toutes les couches de la société, des maçons, des couvreurs, des paysans, tous sous le même uniforme, des gens avec qui on travaille en groupe, et pour le bien des autres ».
Natif de Caen, où il a fait ses études, il est venu dans la Manche « pour se rapprocher de la mer, pour faire de la planche à voile ». Il s'est installé à Picauville, un bourg de 2 000 habitants dans une région de marais, dans l'est du Cotentin. C'est en faisant du sport qu'il a rencontré des pompiers. « En accord avec [son] associée », il les a rejoints.
Le corps des sapeurs-pompiers de Picauville était important, vingt-cinq volontaires, en raison de la présence d'un hôpital psychiatrique. Le pharmacien est devenu sapeur-pompier volontaire de 1re classe. Il habitait au-dessus de l'officine, disponible au « bip ». « Nos interventions concernaient du secours à la personne à 85 %, on est en déficit médical, relève-t-il ; on allait aussi chercher des chevaux perdus dans les marais. »
Un officier de l'état-major lui a un jour suggéré de devenir officier. Le confrère a suivi la formation de lieutenant, et est devenu adjoint au chef de centre de Picauville. La mer étant toujours attirante, le pharmacien et sa co-titulaire d'épouse ont déménagé pour Barneville-Carteret, un port de la côte ouest, à 30 minutes de la pharmacie et de la caserne. Promis au remplacement du chef de corps, le lieutenant est donc entré au corps de Barneville. « Les pompiers travaillent souvent ensemble, je connaissais les sapeurs de Barneville, et comme j'étais breveté nageur, j'étais souvent sur la côte. »
Depuis 2016, Jean-Charles Coudrier est donc devenu lieutenant chef de corps à Barneville, avec trente-deux sapeurs, tous volontaires, et de gros moyens, grande échelle, fourgons… Barneville est proche d'un axe routier et le corps peut surtout être appelé en renfort à la centrale EPR de Flamanville, 20 kilomètres plus au nord.
« Les pompiers me prennent beaucoup de temps, convient le confrère. Je fais l'ouverture de la pharmacie le matin, et j'en pars le plus souvent vers 16 heures pour ma seconde vie. J'ai la grande chance d'avoir ma femme comme co-titulaire, et une adjointe, toutes deux très compréhensives. Je passe deux ou trois fois par semaine à la caserne, mais je suis en relation permanente par téléphone, par courriel, par SMS, avec le corps. C'est une très belle expérience, mais c'est très prenant. Je continuerai pourtant tant que je serai apte à la visite », affirme le très probable futur capitaine.
Le confrère est aussi moniteur de secourisme et il assure des formations de maintien des acquis. Toute l'équipe de la pharmacie est d'ailleurs formée aux premiers secours, utilise le matériel, le défibrillateur. « Ils ne sont pas pompiers, mais pas loin, sourit le chef de centre et pharmacien. C'est normal : une pharmacie a un rôle prépondérant, elle est ouverte à tout le monde, ne fait pas payer, elle est le premier recours pour aiguiller les gens. On fait du tri, comme les sapeurs-pompiers ! »