« Pharmacie, Herboristerie préparatoire ». L’affiche à l’entrée du village de Lacapelle-Biron annonce une officine originale. Et une titulaire qui ne l’est pas moins. Née dans un petit village de l’Agenais, Jocelyne Rodriguez a découvert les plantes en famille, entre potager et balades dans les champs et les forêts du Lot-et-Garonne, puis de la Sarthe.
En terminale, attirée par le soin, elle envisage médecine, mais choisit pharmacie, « une profession plus facile à concilier avec une vie de famille » (elle aura 3 enfants). Elle commence ses études à l’université de Tours et les achève à Bordeaux. Là, en 1993, férue de botanique et admirative du Pr Devaux (histoire de la pharmacie), elle s’investit dans une thèse sur le pharmacien militaire herboriste et naturaliste, Jean-Odon-Debeaux (1826-1910) : « C’est la meilleure chose que j’ai faite durant mes études », souligne-t-elle. Félicitée par le jury, elle occupe ensuite plusieurs postes d’adjointe dans des officines lot-et-garonnaises.
Préparations magistrales
Peu à peu, la « dimension commerciale » du métier la démotive. Elle envisage même devenir infirmière et se rapprocher de sa vocation de jeunesse : le soin. Mais, quand une amie lui annonce que la pharmacie de Lacapelle-Biron est en vente, elle n’hésite pas. En effet, son attirance pour la phytothérapie et les médecines dites « naturelles » est toujours aussi vive, et l’officine de Lacapelle s’est taillé une solide réputation dans la production de préparations magistrales et l’herboristerie. Jocelyne Rodriguez reprend cette pharmacie en 2010, développe le rayon herboristerie et produits naturels ; les médicaments « traditionnels » sont relégués dans un petit rayon, derrière le comptoir.
L’atelier de préparations magistrales, qui occupe trois préparatrices, produit une soixantaine de préparations par jour diffusées, via les grossistes, auprès de 200 officines du Sud-Ouest : « C’est une niche qui se maintient, mais se développe assez peu car les médecins ne savent pas assez que ces préparations sont possibles », précise Jocelyne Rodriguez. Les produits les plus demandés sont des adaptations pédiatriques ou gériatriques, souvent en gélules, pour affections cardiaques, néphrologiques ou l’insomnie…
Passion du soin
À côté de l’atelier, l’officine se partage entre les ordonnances (le village de 400 habitants compte deux médecins) et le conseil en herboristerie, la prestation que préfère Jocelyne Rodriguez : « Depuis dix ans, j’ai pu vérifier l’efficacité de l’herboristerie pour améliorer la santé des patients et leur qualité de vie, dans l’accompagnement de nombreuses thérapies. » Son officine a d’ailleurs rejoint le réseau « Pharma O Naturel » (70 pharmacies en France) qui devrait lui permettre de renforcer sa communication.
Seule pharmacienne à l’officine, ses loisirs sont rares, à l’exception de la randonnée : « Je marche une heure tous les jours, indique-t-elle, le dimanche je fais au moins 25 km et parfois des sorties dans les Pyrénées. »
Mais cette pharmacienne exigeante veut pousser plus loin sa pratique. Elle suit actuellement deux cursus de formation, préparant au certificat d’herbaliste* et au diplôme de naturopathe** : « J’ai encore quatre années de lourds remboursements de ma pharmacie, explique Jocelyne Rodriguez. Ensuite, j’aimerais transformer mon officine, avec un pharmacien au comptoir et un cabinet de naturopathie où je pourrais exercer. » Une façon de concilier l’officine avec sa passion du soin et du conseil.
* Dispensé par l’École lyonnaise des plantes médicinales et des savoirs naturels.
** Enseigné par la faculté libre de médecines naturelles et d’ethnomédecine de Paris.