Les mains posées sur son ventre arrondi, Lou répond au Docteur Breton par un large sourire :
- Oui, mon congé maternité a commencé hier. Je vais avoir du temps pour préparer la chambre et acheter quelques vêtements pour la petite…
- C'est donc une fille. Encore toutes mes félicitations. Ah, Docteur Rivet (cf. épisode 91) ! Vous ici ?, poursuit le jeune médecin lorsque sa consœur psychiatre passe près de lui.
- Mais oui Fred, ce n'est pas une soirée réservée aux généralistes, plaisante le praticien hospitalier. Dis-moi, ça a l'air sérieux votre mouvement de grève…
- Quand c'est trop, c'est trop. Tiens, voilà Delphine (épouse de J-C). Je suis sûr qu'elle pense comme moi : l'assurance maladie nous maltraite, nous devons réagir…
Laissant les médecins converser entre eux, Lou se dirige vers l'espace d'accueil et attrape une gougère avant de s'asseoir dans les nouveaux fauteuils. À côté d'elle, Jean-Paul, J-C et sa mère Élisabeth discutent.
- Donc c'est fait, tu es à la retraite ! On va enfin pouvoir te recruter au sein de l'association des pharmaciens retraités…
- Ouhlala, doucement. Je vais d'abord aller voir mes petits-enfants en Guadeloupe. Ma fille y travaille depuis cinq ans et je n'y suis allé qu'une fois.
- Tu as bien raison. Profites-en. Je connais bien une pharmacienne au Moule. C'est une amie de promo, répond J-C. Passe la voir de ma part…
- Au fait mon chéri, tu as eu une réponse de Sylvie Vartan finalement (cf. épisode 128) ?
Bien que son fils ait dépassé les cinquante ans, Élisabeth ne peut s'empêcher de lui parler comme à un enfant. Longtemps embarrassé par cette démonstration de tendresse maternelle, J-C ne s'en formalise plus.
- Elle m'a envoyé un petit mot super sympa. Elle revient en tournée bientôt dans le coin, et m'a promis de nous faire une petite visite.
S'approchant de son associé, Karine l'interrompt. Elle semble inquiète.
- J-C, tu n'as pas vu Madame Yanoix (cf. Épisode 168) ? Elle était présente tout à l'heure avec son mari. Mais Christèle me dit qu'elle ne s'est pas présentée pour son soin…
- J-C, Karine, il semble que Monsieur et Madame Yanoix soient partis précipitamment, intervient Marion, essoufflée.
- J'ai vu le père Yanoix regarder fixement l'affiche sur les violences conjugales que nous avons reçue du Cespharm. Il a froncé les sourcils, est allé vers sa femme qui attendait pour son soin esthétique près de la salle Pasteur. Il lui a glissé quelque chose à l'oreille et l'a attrapé par le bras. Elle n'avait pas d'autres choix que de le suivre, explique Gisèle.
- Oh, mince ! Il a dû comprendre pourquoi nous insistions tant pour qu'ils viennent à cette soirée…
- Quelque chose ne va pas Karine ?, demande Frédéric Breton, suivi du Docteur Rivet et de Delphine.
Karine explique la situation quand des exclamations de voix se font entendre près de l'entrée sud de la pharmacie. Tous les convives tournent la tête.
- S'il vous plaît, j'ai besoin d'aide…, dit un homme portant dans ses bras une femme inanimée.
(À suivre…)