J'étais indigné contre les gérants de ma copropriété car non seulement nous gelons dans notre appartement, mais ils nous ont promis une hausse insupportable des charges.
J'en ai parlé à l'intendante qui a exprimé sa surprise : mais oui, que vous êtes chauffé, M. Liscia ! J'étais ravi de l'apprendre, mais, en même temps, j'ai demandé quel niveau de température la copropriété respectait : 19 degrés, me fut-il répondu. Du coup, la conversation a refroidi mon coup de sang. 19 degrés, ce n'est ni une loi ni un diktat, c'est une valeur, si j'ose dire, consubstantielle à la République. Donc, voilà : j'étais censé avoir chaud et j'étais tout à la fois quelque peu appauvri par la hausse des charges. Mais qu'importe ! Pas de rupture de contrat, pas de procès. Il ne me restait plus qu'à ravaler ma colère. Ce qui ne m'a pas empêché de faire des comptes. À quelle température ambiante commencerai-je à ne plus avoir froid ? Quel prix vais-je payer mon séjour de six mois dans un réfrigérateur ? Qui me dit qu'à la place d'un frigo, je ne vais pas bénéficier d'un congélateur ? L'intendante, heureusement, n'a pas voulu entrer dans le débat. Elle a simplement fait remarquer que ce n'était pas normal d'être chauffé et d'avoir froid.