Entre 6,8 et 13,7 milliards de masques jetables sont utilisés par an en France depuis le début de la crise sanitaire, selon l'Agence pour la diffusion de l'information technologique (ADIT), citée fin janvier dans un rapport parlementaire des députés Danielle Brulebois et Gérard Leseul. Ce qui représentait 40 000 tonnes de déchets non recyclés en 2020, précise le rapport en s'appuyant sur un chiffre de la direction générale de la prévention des risques (DGPR).
Une partie de ces déchets va être recyclée grâce à des filières qui comment à se mettre en place. Mais pas plus de 20 % des masques usagés ne devraient être recyclés d'ici à la fin de l'année selon les prévisions les plus optimistes. Les masques ne représentent d'ailleurs qu'une fraction des quelque 3,5 millions de tonnes de déchets plastiques produits annuellement en France.
Les méthodes de recyclage
Une méthode consiste à séparer les composants (barrette en métal, élastiques de maintien) pour ne garder que le polypropylène, un plastique qui constitue 90 % des masques jetables. Transformée en granulés, cette « matière première secondaire » pourra être utilisée dans l'industrie, notamment automobile ou textile.
Il est aussi possible de broyer ensemble les composants du masque. Mixé avec une résine, le broyat pourra être utilisé pour fabriquer de nouveaux objets par moulage (manches d'outils ou encore règles et rapporteurs).
Une autre piste est évoquée par le rapport parlementaire : le lavage des masques chirurgicaux pour les réutiliser. Selon un consortium de chercheurs « les masques chirurgicaux maintiennent leurs performances de protection après plusieurs cycles de lavage à 60 °C avec détergent ».
Les filières
Les outils industriels des acteurs majeurs du recyclage ne sont pas adaptés, car on est sur des petits gisements, relève Marc Cheverry, directeur à l'Agence de la transition écologique (Ademe). On assiste donc à de mutiples initiatives locales, surtout des start-up.
La première difficulté tient à la collecte des masques. Impossible de les jeter avec les autres plastiques, pour des raisons sanitaires mais aussi parce qu'ils sont trop légers et se coincent dans les machines de tri automatique. Des filières locales de collecte - via des poubelles à masques - et de tri se mettent donc en place. Plusieurs entreprises en France sont ensuite capables de les recycler, comme Cosmolys, dans le Nord, Neutraliz, en Indre-et-Loire, Plaxtil dans la Vienne, Cycladd dans l'Ain, Versoo dans le Maine-et-Loire, ou encore FabBRICK à Paris.
Les précautions sanitaires passent par une mise en quarantaine des masques, leur désinfection aux UV ou à haute température, ou encore le port d'équipements de protection par les agents chargés de les manipuler.
Que deviendront ces filières après la crise du Covid ? « Je suis persuadé que toute la réflexion menée ici peut trouver d'autres issues », prévoit le député Gérard Leseul. Par exemple pour le recyclage des blouses ou des charlottes dans le secteur de la santé.