Alors que la dexaméthasone est un traitement efficace et approuvé pour les patients atteints de Covid grave et hospitalisés, plusieurs études se sont intéressées à l’usage de corticoïdes inhalés - notamment budésonide (Pulmicort, etc.) et ciclésonide (Alvesco) - chez les patients atteints de Covid-19 non hospitalisés. Certaines de ces études laissent supposer que la prise de ces molécules pourrait avoir une efficacité sur la maladie.
Cependant, après avoir analysé la littérature scientifique à ce sujet, un groupe de travail de l’Agence européenne du médicament (EMA) conclut que « les données sont insuffisantes en ce qui concerne l’utilisation des corticostéroïdes inhalés dans le Covid-19 ».
De plus, « si le groupe n’a trouvé aucun risque pour la sécurité dans les études à ce jour, il n'a pas pu exclure la possibilité de préjudice lié à l'utilisation de corticostéroïdes inhalés chez les patients atteints de Covid-19 qui ont des niveaux normaux d’oxygène ».
Stoic et Principle
L’EMA a notamment analysé l’étude britannique Stoic publiée dans « The Lancet respiratory medicine », qui a testé un traitement par budésonide (deux inhalations de 400 μg Turbuhaler, deux fois par jour) ou par soins habituels. Les résultats ont montré que l'administration précoce de budésonide inhalée réduisait la nécessité de recours à des soins médicaux en urgence ou à une hospitalisation, qui a concerné 1 % des participants sous CI, contre 14 % du groupe contrôle. Le temps de récupération était plus court (7 jours contre 8). Mais l’étude a été arrêtée prématurément en raison des mesures nationales de lutte contre la pandémie au Royaume-Uni, avec pour conséquence, un nombre de patients randomisés (n = 146) bien inférieur à ce qui était prévu initialement (n = 398).
L’autre essai analysé est l’essai britannique Principle, qui confirme les bénéfices du budésonide inhalé (800 µg deux fois par jour pendant 14 jours) versus autres soins, sur un plus grand effectif (2 663 participants).
Les résultats montrent que le traitement par corticoïdes inhalés a permis de diminuer la durée de rétablissement de 3 jours par rapport aux soins habituels seuls. Le traitement permettait aussi de réduire les hospitalisations et les décès par rapport au groupe de soins habituels (8,5 % vs 10,3 %), mais la différence n’était pas statistiquement significative. De plus, l’étude n’est pas encore publiée, et il ne s’agit là que de résultats intermédiaires.
La dernière étude analysée par l’EMA est une étude de phase 3 menée par le groupe pharmaceutique Covis Pharma. Au total, 400 patients atteints de Covid ont été traités soit par inhalation de ciclésonide (320 μg deux fois par jour pendant 30 jours) soit par un placebo. L'étude a montré une réduction plus importante de la durée des symptômes dans le groupe ciclésonide, mais la différence est non significative.
Face à ces données insuffisantes, l’EMA n’a pas donc pu se prononcer en faveur du recours des corticoïdes inhalés, réclamant « des preuves supplémentaires ».
En revanche, l’EMA confirme son approbation de la dexaméthasone par voie orale ou injectable chez les patients atteints de Covid-19 nécessitant une oxygénothérapie supplémentaire, au regard des preuves apportées par les essais cliniques. L'agence sanitaire continuera à surveiller l'utilisation des médicaments pour traiter ou prévenir le Covid-19 en vue de fournir des recommandations à jour aux professionnels de la santé dans l’Union européenne.