À quoi on pourrait ajouter une insécurité croissante dans le pays avec, notamment, l'épisode sanglant de Herblay, dans le Val-d'Oise, où deux policiers ont été battus et grièvement blessés par des voyous. Le gouvernement semble cerné par une série de contraintes posées par des problèmes de fond nécessitant des réformes longues et drastiques. Même si le harcèlement des oppositions ralentit un peu (la droite, par exemple, a approuvé le plan des pouvoirs publics pour l'arrière-pays de Nice), nos dirigeants ne savent plus où donner de la tête.
C'est que les solutions semblent hors de portée. Nous assistons à une reprise de la pandémie en France. Elle compromet l'activité, donc la production, donc l'emploi. Comme nous sommes sur une nouvelle pente ascendante de la pandémie, freinée seulement par l'expérience que le corps médical a acquise en six mois, la tentation est grande de procéder à un deuxième confinement. Le chef de l'État, pourtant, s'est bien gardé d'en donner l'ordre. Et pour cause : le pays risque de sombrer dans un endettement qui nous enverrait au statut de république bananière. Depuis le début de la pandémie, le gouvernement est enfermé dans le même dilemme lancinant : protéger la santé des Français sans basculer dans la faillite. On dit qu'une nation n'est jamais mise en faillite, ce que l'opinion traduit par : « On peut dépenser ce qu'on veut ». Mais ce n'est pas vrai, nos dettes seront remboursées d'une manière ou d'une autre, la meilleure étant la croissance.
Une lame de fond
Nos dirigeants travaillent dans un climat défavorable. Tous les partis sont déjà en campagne électorale, pour les élections régionales de 2021 et surtout pour les élections générales de 2022. De sorte que les oppositions se croient constamment obligées de ne rien concéder au gouvernement et tentent de démontrer qu'avec elles au pouvoir, les choses iraient mieux. Il se produit dans le pays une lame de fond qui vient de très loin et qui concerne la perte d'autorité de tous ceux qui détiennent une forme de pouvoir. Qu'il s'agisse du gouvernement, des professions les plus prestigieuses, des experts ou des savants, tout le monde est remis en question par l'opinion. De nouveaux héros apparaissent, comme le professeur de médecine Didier Raoult qui, après avoir présenté la chloroquine comme le médicament miracle contre le Covid, a décidé récemment que la pandémie était en fin de course, encourageant ainsi les Français à abandonner les mesures de précaution.
L'opposition de droite insiste sur l'endettement, sans souligner ce qui l'alimente et comme si le pouvoir en ignorait les inconvénients. L'affaire d'Herblay la fait gronder de colère alors que le ministre de l'Intérieur durcit sa politique à l'égard des criminels, mais sans obtenir pour le moment la diminution de la criminalité. Bref, on peut avancer l'idée que ceux qui ont des reponsabilités essuient les plâtres tandis que ceux qui n'en ont pas continuent à les bombarder impunément. Ce qui nous renvoie à l'exemple donné par François Baroin, dont on imagine qu'il n'a pas voulu s'exposer « aux emmerdes qui volent en escadrille », comme le disait son maître Jacques Chirac. Qu'il y ait tant de candidats pour un emploi aussi complexe et lourd de menaces est en soi un phénomène très surprenant. Car il y a de la gloire à prendre ailleurs qu'en politique, dans l'art ou la littérature, par exemple. Il demeure que, si l'on pense que la politique est un métier, on admettra qu'un certain nombre de personnes n'en connaissent pas d'autre.