À l’hôpital, pour savoir si un traitement est prescrit de façon pertinente, aider le médecin à optimiser sa prescription et réduire la iatrogénie médicamenteuse, il faut analyser les tenants et les aboutissants des médicaments, mais aussi du patient hospitalisé, souvent âgé et polymédiqué et dont les prescriptions ont été modifiées.
« Ce qui fait une foultitude d’informations à aller chercher dans différents systèmes et à prendre en compte. Or il est prouvé que l’homme peut difficilement manipuler plus de 5 informations à la fois », explique en préambule le Dr Édith Dufay, chef du service pharmacie du CH de Lunéville*. Cette activité quotidienne d’analyse et de vérification des prescriptions est, de plus, chronophage pour des équipes réduites, ce qui oblige à prioriser les patients.
D’où l’intérêt du projet AVICENNE (Algorithmes dont l’utilisation est valorisée par l’informatisation de la démarche clinique en pharmacie). Deux types d’intelligence artificielle sont aujourd’hui possibles, sans s’exclure : l’IA symbolique, où les algorithmes utilisés sont définis et lisibles par l’homme (« déterministes »), et l’IA connexionniste, où les algorithmes sont probabilistes, « une sorte de boîte noire où on ne sait pas bien ce qui s’y passe ».
Comme tout système avancé d’aide à la décision, AVICENNE s’appuie sur des bases de données informatisées et un logiciel (Pharmaclass). Ce programme, soutenu par l’ARS Grand Est, également utilisé au CHRU de Nancy et dans les centres psychothérapiques de Nancy et Mirecourt, sera bientôt étendu à 7 autres hôpitaux. Le contexte est favorable : un consortium sur l’IA en pharmacie a été monté et la création d’une base nationale des algorithmes pharmaceutiques déterministes, à partager entre professionnels de santé, décidée le 17 novembre.
* Lors des 71es e-Journées pharmaceutiques internationales de Paris. 20 novembre 2020.