LE MARCHÉ des génériques pourrait bien connaître de grands bouleversements en 2014. Le président de la République a lui-même annoncé qu’il souhaiterait voir ces médicaments davantage utilisés dans l’Hexagone, ceux-ci étant, selon lui, « moins dispensés que dans tous les autres pays d’Europe ». Lors de la présentation de ses vœux à la presse, la ministre de la Santé a enfoncé le clou (« le Quotidien » du 27 janvier). Dans la loi de santé qu’elle présentera à l’été, Marisol Touraine explique qu’il y sera notamment question de développement des génériques.
Une perspective qui devrait rassurer le Gemme alors que le marché est, selon lui, actuellement à la peine. « Hormis le rattrapage découlant de la relance de la mesure tiers payant contre générique, l’année 2013 est une année atone pour le médicament générique », indique ainsi l’association qui regroupe la plupart des fabricants. Certes, l’utilisation de ces médicaments a permis d’économiser 2,4 milliards d’euros l’an passé (soit près de 15,5 milliards d’euros depuis 2000), mais le marché régresse depuis le mois d’août. « Ainsi, entre le premier et le second semestre, il ne progresse presque plus : + 1,81 % en volume et 0,18 % en valeur, souligne le Gemme. Alors que l’année 2013 a connu de nombreuses échéances de brevets, ces dernières ont tout juste permis de compenser l’érosion du répertoire. » Et, le Gemme en est sûr, « sans mesures à l’égard des prescripteurs, tant en ville qu’à l’hôpital, les perspectives d’évolution du marché et des économies collectives font état d’une croissance quasi-nulle pour 2014 ».
Doubler les économies.
Pour relancer la machine à économies, le Gemme a ses idées. Il propose d’amener les médecins à prescrire dans le répertoire des médicaments génériques dans des proportions proches de celles de leurs confrères européens en fixant un budget de prescription. Mais aussi de confirmer l’engagement des pharmaciens dans la substitution à des niveaux élevés, tout en veillant à maintenir le rôle économique du médicament générique à l’officine. Il lui paraît également nécessaire de relancer la confiance des patients en engageant sans délai une grande campagne de communication auprès du grand public. Grâce à ces mesures, le Gemme estime qu’il est possible de quasiment doubler les économies dégagées par les génériques en 2014.
Des mesures sont d’ores et déjà envisagées pour booster le marché. La loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2014 prévoit ainsi un élargissement de la substitution aux médicaments biosimilaires. Avec le même objectif, l’assurance-maladie et les syndicats d’officinaux (FSPF et USPO*) se sont engagés, dans le protocole d’accord signé le 9 janvier, à fixer un objectif de substitution de 85 % pour cette année et à consolider la rémunération sur objectifs de santé publique pour la délivrance des génériques. D’autres dispositions, qui font polémique, sont dans les tuyaux, telle l’inscription du paracétamol au répertoire (voir ci-dessus).
Quoi qu’il en soit, pour le Gemme, il n’y a pas de doute, « des mesures concrètes doivent être urgemment mises en œuvre pour stopper le repli du marché et redynamiser les économies collectives ». Selon l’association, notre pays accuse toujours jusqu’à 30 points de retard par rapport aux plus grands pays européens pour le recours aux génériques.
Des marges de manœuvres.
Le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM), Frédéric van Roekeghem, relativise quelque peu le constat de ralentissement du marché décrit par le Gemme. Il rappelle en effet que, entre le début et la fin de l’année 2013, le taux de pénétration des génériques a tout de même progressé d’environ 12 points, passant de 70-72 % à 80-82 %. Mais des marges de progression existent encore. Pour Frédéric van Roekeghem, le potentiel de développement des génériques tient désormais dans l’augmentation des prescriptions à l’intérieur du répertoire, mais aussi dans l’élargissement du champ de la substitution. « Dans un certain nombre de pays comme la Suède, l’Allemagne ou l’Angleterre, l’utilisation des génériques est beaucoup plus extensible qu’en France », souligne-t-il. Il ajoute : « Chez nous, les mécanismes d’incitation ont eu un effet sur le ralentissement de la fuite des prescriptions hors du répertoire, mais il reste encore une marge de manœuvre. » Et le directeur général de l’UNCAM de calculer que si les médecins français utilisaient le médicament générique comme leurs collègues allemands, et si les prix étaient fixés dans l’Hexagone sur le même modèle qu’outre-Rhin, l’assurance-maladie pourrait économiser 500 millions d’euros supplémentaires par an.
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