LE MARCHÉ DU GÉNÉRIQUE a fait un bond en avant l’été dernier, mais les polémiques ont aussi alimenté les résistances tout au long de l’année. L’association des industriels du médicament générique, le GEMME, n’a eu de cesse de monter au créneau et de répondre point par point à toutes les attaques anti-génériques. D’abord en février, lorsque le candidat à la présidentielle, François Hollande, déclare que les médicaments génériques sont plus chers en France que dans les pays voisins, sur la base d’une étude de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). Le GEMME rétorque aussitôt en arguant d’une étude qui démontre le contraire.
Le second pavé dans la mare est lancé par le rapport de l’Académie de médecine mettant en cause la qualité de certains génériques, « inexact et mal documenté » selon le GEMME, qui s’offusque d’y lire de « prétendues inefficacités sur les antibiotiques » et qui rappelle les règles de bioéquivalence « selon un protocole strictement encadré par les autorités scientifiques compétentes ». L’association publie rapidement une longue communication intitulée « En finir avec les préjugés sur les médicaments génériques ». Une étude de la CNAM portant sur 100 000 patients démontre d’ailleurs « l’absence de différence en termes de résultats cliniques et d’effets secondaires entre princeps et génériques ».
Même constat dressé par le Pr Dominique Maraninchi, directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) : « les génériques sont des médicaments comme les autres » et, comme pour tout médicament, qu’il soit un princeps ou un générique, une défaillance dans la qualité du produit entraîne sa suppression. Le Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO), choqué de ce dénigrement des génériques qui « attise les peurs de l’opinion publique en matière d’insécurité sanitaire », lance une campagne d’affichage visant à « rassurer sur la qualité et l’efficacité ». L’Académie nationale de pharmacie publie pour sa part un avis pour « remettre les choses à leur place avec des arguments objectifs en faveur des génériques et du droit de substitution », car il faut « en finir avec les rumeurs, les faux bruits et la calomnie ».
Convention pharmaceutique.
Ce type de polémiques a des effets calamiteux sur l’opinion publique. Une enquête de Sanofi/Zentiva/IPSOS Healthcare, réalisée en mars et avril 2012, montre ainsi que 25 % des patients et 57 % des médecins estiment que les génériques ne respectent les mêmes exigences de qualité que les princeps. Ils sont perçus comme des médicaments low cost, moins élaborés sur le plan galénique, même s’ils reconnaissent leurs bénéfices en terme d’économie de la santé.
Les pouvoirs publics ont pourtant tout intérêt rétablir la vérité puisqu’un point de substitution entraîne 19 millions d’euros d’économies. Or le taux de substitution, qui dépassait les 80 % en 2009, est inférieur à 70 % en 2011. La CNAM a entendu l’argument et signé la nouvelle convention pharmaceutique qui prévoit des objectifs de substitution individuels et un taux national ambitieux de 85 % pour 2012. Des objectifs pour lesquels les officinaux sont aidés par les groupements, le CNGPO, les génériqueurs… et, depuis l’été dernier, par la généralisation du système tiers payant contre génériques. Les mois d’été ont alors enregistré une hausse considérable du taux de substitution national. Début novembre, il atteignait 82,7 %.
Restaurer la confiance.
Mais, alors que les ventes augmentent, une officine est déconventionnée en septembre pour « substitution insuffisante ». Une procédure « exceptionnelle » selon Frédéric van Roeckeghem, le directeur général de la CNAM : « Seulement deux sanctions de ce type ont été prononcées sur le territoire national. » Son taux de substitution se situe entre 30 et 50 %, lorsque celui de ses confrères, dans le même département des Deux-Sèvres, est compris entre 75 et 80 %. Une mesure qui fait donc aussi figure d’exemple.
Si la grande majorité des officinaux voient leur taux de substitution progresser, le tiers payant contre génériques pose parfois problème. Patients récalcitrants, confrères peu scrupuleux et caisses primaires d’assurance-maladie qui font leur propre interprétation de ce qui doit être fait… Alors que les choses rentrent peu à peu dans l’ordre, de nouvelles attaques surgissent en décembre. En réponse, le GEMME décide de lancer une grande campagne de communication début 2013, regrettant que les pouvoirs publics n’en aient pas eu l’initiative. De son côté, la Mutualité Française fait dix propositions pour restaurer la confiance dans le générique, dans un rapport de plus de 160 pages. Car la confiance est bien entamée, comme le montre un sondage IFOP pour le groupe PHR : 61 % des patients jugent les génériques aussi sûrs que les médicaments d’origine, contre 71 % en 2011. Au même moment, l’ANSM présente un rapport intitulé « Les médicaments génériques : des médicaments à part entière ». Enfin, l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) rend public, à la mi-décembre, un rapport qui plaide en faveur de l’utilisation des génériques et réaffirme « l’absence de supériorité des princeps par rapport aux médicaments génériques ».
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