LES CHERCHEURS de l’unité Inserm 905 de Rouen ont suivi 40 patients qui présentaient un DRESS (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms), aussi appelé syndrome d’hypersensibilité. C’est une réaction allergique à un médicament très particulière, où la manifestation cutanée est associée à des atteintes systémiques, pulmonaires, parfois cardiaques, et assortie d’une mortalité élevée atteignant 10 %. Des DRESS sont susceptibles de survenir en association avec la prise d’antiépileptiques (un patient pour 8 000 dans le cas de la carbamazépine), d’antibiotiques en général et de certains anti-infectieux (Bactrim, Disulone), de l’allopurinol, de la minocycline (donnée dans l’acné) ou d’antivitamine K.
Comme il y a une fièvre élevée, une pneumopathie interstitielle, le DRESS n’est pas toujours reconnu, parfois confondu avec une maladie infectieuse.
Il faut impérativement arrêter le médicament, étant donné le potentiel de gravité. Le syndrome peut persévérer quelques semaines après l’arrêt. « Nous avons compris pourquoi cela dure si longtemps », souligne le Dr Philippe Musette.
Il y a quelques années, cette équipe a choisi de travailler sur les allergies médicamenteuses et les chercheurs ont décelé des particularités associées au DRESS. Sur les lymphocytes T CD8 cytotoxiques des malades, des récepteurs présentent des homologies avec des récepteurs de lymphocytes T reconnaissant le virus EBV. « Nous avons recherché chez les patients une réactivation virale de virus quiescents. Et trouvé que les médicaments en cause entraînent une réactivation de virus de la famille herpès : l’EBV et aussi les HHV6 et HHV7. » La multiplication virale est perceptible chez 76 % des malades du groupe de 40 personnes. Et les indices lymphocytaires montrent que la majeure partie de la réponse immunitaire des patients est dirigée contre les particules virales. « L’organisme ne réagit donc pas contre le médicament, jusqu’alors jugé responsable du déclenchement des symptômes d’allergie, mais il lutte contre l’invasion et la réactivation virales induites par le médicament. »
Susceptibilité génétique.
Les CD8 sont présents aussi dans les organes atteints (peau, poumon…). Ils expriment des molécules de « homing » qui leur permettent d’aller dans les organes et des cytokines inflammatoires dirigées contre les virus (TNF alpha, INF gamma). Les virus quiescents sont présents chez tout le monde, ils sont activés seulement chez certains individus qui prennent les médicaments. Il existe donc une susceptibilité particulière à présenter un DRESS ; des pistes génétiques sont en cours d’investigation par les mêmes chercheurs.
« Il existe une logique entre ces résultats et des notions cliniques que l’on connaît de longue date. Par exemple, on sait depuis longtemps que l’ampicilline donnée à un patient qui a une infection par EBV peut entraîner une allergie médicamenteuse. »
Enfin, il n’est pas exclu que ce mécanisme soit en action dans des allergies médicamenteuses plus simples, comme l’éruption sans décollement cutané ni atteinte systémique.
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