LE MÉDICAMENT générique peut-il prétendre à l’innovation ? A priori, non. Mais depuis plus de 20 ans que ces médicaments sont apparus sur le marché, l’expérience montre que le générique a des possibilités de se démarquer de son princeps. Une possibilité, voire une nécessité tant la concurrence dans le domaine de la copie de médicament est rude. Conditionnement favorisant l’observance, accompagnement des patients, qualité de la galénique et de la formulation… En fonction de ces différents critères, certains médicaments génériques sont susceptibles de surpasser leurs concurrents, voire leur princeps. L’inverse est aussi vrai. Au pharmacien de juger, in fine, quels médicaments génériques sont les mieux placés pour valoriser la substitution et pour convaincre les patients du bien-fondé de cette démarche.
Améliorer l’observance.
Un médicament n’est efficace que s’il est pris correctement, c’est-à-dire en respectant la posologie et les modalités d’administration définies par l’AMM et indiquées par le prescripteur. Au cours des dernières années, la notion d’observance a été développée, et l’information à destination des patients pour le bon usage du médicament a été renforcée. Sur la boîte tout d’abord, avec l’apposition de pictogrammes faciles et rapides à comprendre. Une fourchette et un couteau pour rappeler la nécessité de prendre le comprimé en mangeant, des blisters étudiés pour faciliter le repérage dans le temps (indication des jours) ; autant d’améliorations qui, il faut l’admettre, ont été initiées par les fabricants de génériques, ces derniers en faisant un véritable argument commercial. « Copieurs » mais surtout observateurs, les génériqueurs ont le grand avantage de pouvoir identifier les points forts et les points faibles des princeps déjà sur le marché, leur permettant de proposer un conditionnement plus performant (une pipette poids plutôt qu’une cuillère mesure) ou une galénique plus adaptée telle qu’une barre de sécabilité ou un arôme différent et mieux apprécié.
Et les patients découvrirent les excipients.
Difficile d’exercer le droit de substitution au quotidien, comme le rappelle l’actualité. Bien que disposant d’une AMM, la qualité des médicaments génériques est régulièrement remise en cause, semant le trouble chez les patients. Parce qu’elles étaient incomplètes et trop simplifiées, les diverses informations officielles sur le médicament générique publiées au cours de la dernière décennie ont offert aux médias des titres en or. Le meilleur exemple concerne les excipients ; avec le générique, les patients ont découvert l’existence de ces substances. Pourtant, certains génériqueurs ont réussi à proposer des formulations affranchies des excipients à effet notoire, prenant ainsi l’avantage sur leur princeps. Il suffit de se plonger dans le répertoire officiel des génériques pour en trouver des exemples. D’autres fabricants ont fait le pari de modifier la forme du principe actif, utilisant un sel différent de la spécialité de référence. L’intérêt est généralement d’améliorer la stabilité du principe actif et de garantir une meilleure conservation.
Quand les génériques parlent aux femmes.
S’il est un marché que les laboratoires de génériques ont investi, c’est bien celui de la contraception. On ne compte plus les génériques de pilules qui sortent chaque année et remplissent les tiroirs des pharmacies, avec des conditionnements visant à faciliter la prise des comprimés et à limiter le risque d’oubli. En bref, les génériqueurs de contraceptif ont compris que l’essentiel était de s’adapter au mode de vie des femmes, de les accompagner et de les séduire. Par le nom, par exemple ; les génériqueurs troquent volontiers les dénominations complexes et « barbares » pour des noms de fantaisie (Daily, Leeloo, Pacilia, Felixita, Drospibel) aux tendances girly. On en oublierait qu’il s’agit de génériques ! La démarche commerciale se distingue également des autres médicaments génériques ; les laboratoires génériqueurs spécialisés dans le confort au féminin n’éprouvent aucun complexe à rencontrer les prescripteurs. La substitution est simplifiée. Tant mieux pour les patientes, pour l’Assurance-maladie et pour le pharmacien. Le prix reste l’argument de poids, et les femmes ont volontiers saisi l’opportunité de prendre une pilule moins chère et qui offre les mêmes garanties ! Certains contraceptifs génériques ont même osé le remboursement, alors que le princeps n’est pas pris en charge (groupe générique Harmonet par exemple).
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