Une offre pléthorique de soins du visage antirides spécifiquement destinés aux peaux matures existe sur le marché dermocosmétique. Les revendications de ces formules – correctrices, nourrissantes, redensifiantes, raffermissantes, à effet lifting, de comblement - visent les femmes marquées par les effets du temps accentués à la ménopause.
Pour le Dr Ariadna Ortiz Brugués, dermatologue et directrice médicale Eau Thermale Avène, « la ménopause correspond à une déficience en œstrogène ayant notamment un impact négatif sur les mécanismes cellulaires et homéostatiques dermiques ». Pour la peau, les effets sont lourds avec une moindre activité des fibroblastes et de la vascularisation, une baisse de la production de collagène et d'élastine, une augmentation de l’activité enzymatique, le tout entraînant sécheresse cutanée, rides, atrophie des tissus, altération de la cicatrisation et de la fonction barrière, diminution de la capacité antioxydante… « Une administration locale d'hormones ou nouveaux agents cosméceutiques - dont les phytoestrogènes devenus des actifs majeurs pour les soins de la peau, en particulier les peaux carencées en œstrogènes – peut être intéressante au niveau cutané. »
Cependant, peu de marques du rayon dermocosmétique évoquent clairement la ménopause dans le positionnement de leurs soins. « La France compte pourtant 12 millions de femmes ménopausées, s’étonne Hélène Giuliano, directrice marketing au sein des Laboratoires Vichy. Elles sont 500 000, chaque année à passer ce cap que l’on situe autour de 51 ans. » Le laboratoire travaille depuis longtemps sur l’impact cutané des variations hormonales, notamment à la ménopause comme le prouve Neovadiol lancé il y a 30 ans. Aujourd’hui la gamme compte un sérum biphase, deux crèmes jour/nuit redensifiantes liftantes à utiliser en préménopause, deux crèmes jour/nuit relipidantes anti-relâchement à utiliser en post-ménopause. Elle cible les principales problématiques des peaux matures, les rides, le relâchement cutané, les taches de vieillesse, la perte d’éclat et la sécheresse cutanée. « On s’engage aussi contre le tabou que représente encore la ménopause car en parler autour de soi permet de mieux la vivre. »
Toute une offre dynamique
Cette étape de la vie reste un marqueur négatif pour bien des femmes méconnaissant les transformations qu’elles vivent ou n’évoquant simplement pas le sujet. « 50 % des femmes n’osent pas en parler à leur conjoint et seulement une femme ménopausée sur trois utilise des produits spécifiquement formulés* », poursuit Hélène Giuliano. Pourtant, la condition féminine - vie quotidienne, professionnelle, physiologie - est régulièrement abordée dans les médias. « Depuis l’événement « Me too », la parole des femmes se libère et les sujets qui les concernent même intimement font moins l’objet d’entrave dans les discours. » Il reste pourtant tout un chemin à parcourir que les Laboratoires Vichy se proposent de raccourcir en mettant à disposition de l’officine un ensemble d’outils (guide hygiénodiététique, livret d’information aux patientes, poster incitant au dialogue) pour mieux accompagner les femmes à partir de la ménopause.
Dans cette logique, un segment voué à prendre en charge les signes cutanés liés à la ménopause, se constitue peu à peu au sein du marché. On y trouve des gammes comme Arkéskin (Crème confort rééquilibrante jour, Fluide nutri-redensifiant nuit) chez Liérac, Age Absolu (Crème rose redensifiante, Masque de nuit) chez Uriage ou Étoile (Sérum Suprême volumateur Étoile Polaire, Crème Suprême de nuit régénératrice) chez Garancia, toutes clairement associées à cette étape hormonale sur les sites Internet des marques. Bien d’autres gammes, ciblant plus largement les peaux matures, les complètent dans le rayon des soins antirides : Hyaluron Activ B3 (Avène), Hyaluron Filler Elasticity (Eucerin), Densitium (SVR), Substiane, Rétinol B3 (La Roche-Posay), Resveratrol-lift (Caudalie), Nuxuriance Ultra, Merveillance Lift (Nuxe)… Toute une offre très dynamique (+17 % en valeur), à l’image du secteur du luxe qui enregistre des résultats records.
« Le segment des soins dédiés aux problèmes de volume et de relâchement du visage pour les femmes de 50 ans occupe 29 % en valeur du marché global de l’anti-âge, précise-t-on chez Garancia. Lancée en septembre dernier, la gamme Étoile se consacre au relâchement de la peau, des contours du visage, à la perte de volume et aux rides profondes qui touchent les femmes ménopausées. » Elle devrait bientôt accueillir un nouveau soin.
La zone intime aussi
Difficile d’évoquer la ménopause sans parler de la zone intime. « 50 % des femmes ménopausées souffrent de sécheresse vaginale, rappelle Eva Xueref, chef de groupe chez Cavaillès. La chute des hormones féminines, notamment celle des œstrogènes impliquées dans la production des sécrétions vaginales, retentit sur la peau et les muqueuses qui s’assèchent. » Picotements, démangeaisons et même douleurs pendant les rapports se manifestent au sein de la zone intime. « On peut utiliser des soins d’hygiène adaptés au pH physiologique qui est compris entre 3,8 et 4,5 dans la zone vulvovaginale. » Ces formules que l’on trouve chez Cavaillès (Soin Toilette Intime Sécheresse) et dans des gammes comme Saforelle, Hydralin ou Saugella, proposent de répondre à ce problème spécifique de sécheresse des muqueuses. « Les soins lavants à vocation nutrition sont en développement chez Cavaillès », un dynamisme en contraste avec l’évolution du marché global de l’hygiène intime (13 millions d’unités vendues, 89 millions d’euros sur 12 mois) en légère baisse depuis des années. Ce rayon abrite aussi des formules clairement axées sur le soin de la zone vulvovaginale. Celles du laboratoire Ballot Flurin misent sur les actifs issus de la ruche : « Les vertus apaisantes et cicatrisantes de la propolis sont intéressantes pour pallier les déséquilibres la zone intime », explique Pauline Paillou, responsable du réseau pharmacie chez Ballot Flurin, en citant le Dermo Spray à base de propolis blanche et la Gelée Hydratante Intime voués à apaiser et hydratater instantanément les muqueuses.
*Étude épidémiologique réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 15 000 Français par la société EMMA (Dr C Taieb) pour les Laboratoires Vichy. Échantillon constitué selon la méthode des quotas entre mars et avril 2022.