Aux 29es universités d’été de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) les 6, 7 et 8 octobre et à quelques jours d’une grève des médecins, le pharmacien Philippe Besset s’est présenté avec sa double casquette de président des Libéraux de santé (LDS) et de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Avec plusieurs messages à faire passer, en particulier sur la mesure du PLFSS 2024 quant à la délivrance d’antibiotiques par le pharmacien après un TROD angine ou cystite positif.
Les déclarations du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, à l’ouverture des universités d’été de la CSMF, vendredi après-midi, ont semé la confusion. « Penser que l’accès direct donné aux paramédicaux nous sortira des difficultés est une fausse promesse, un mirage et je ne poursuivrai pas sur ce chemin. » Applaudissements dans la salle, vent debout contre la mesure du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 visant à permettre aux pharmaciens de délivrer un antibiotique après un TROD angine ou cystite positif. Présent, Philippe Besset corrige : « En tant que président des Libéraux de santé, il me semble clair que le périmètre des métiers doit être étudié et cela fait partie de la feuille de route des LDS. Le but est de voir comment organiser les partages de compétences entre professions et mieux prendre en charge les patients. En tant que président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, et donc en tant que pharmacien, je ne suis pas concerné par cette déclaration relative aux paramédicaux. »
Pour autant, il était nécessaire de revenir sur cette mesure du PLFSS qui braque tant les médecins. C’est d’abord Thomas Fatôme, directeur général de l’assurance-maladie, qui s’en est chargé en assumant une proposition qu'il a faite dans le rapport Charges et produits dévoilé au début de l'été : « Il y a 9 millions d’angines par an, pour combien de TROD utilisés chaque année ? Un million ! Et nous avons 20 % de prescriptions d’antibiotiques en trop. » Invité à la table ronde « S’organiser et innover pour faire face », Philippe Besset a opté pour la pédagogie. « Ce n’est pas une délégation de compétences. J’ai cité Albert Camus pour illustrer mon propos, "mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde". Parce que tout le monde parle d’un droit de prescription alors que ce n’est pas du tout l’objet de cette mesure et que le pharmacien ne revendique absolument pas le droit de prescription. »
Pédagogue toujours, Philippe Besset a insisté sur le rôle principal du pharmacien, à savoir la dispensation du médicament. « Il y a deux catégories de médicaments, ceux accessibles sans prescription médicale et ceux accessibles sur prescription médicale. Je milite depuis des années pour une troisième catégorie de médicaments comme cela existe dans d’autres endroits dans le monde, à savoir des médicaments que le pharmacien peut délivrer dans certaines conditions et à certains patients. » Une explication qui semble avoir laissé les adhérents de la CSMF pensifs. Pour enfoncer le clou, le président de la FSPF a évoqué une réglementation en constante évolution, citant la codéine qui n’est plus disponible sans ordonnance (relistage) ou au contraire l’oméprazole, désormais accessible sans prescription médicale (délistage). « Il faut rappeler que les industriels militaient, eux, pour un délistage de la fosfomycine. Et là, les médecins n’auraient rien trouvé à redire, on n’aurait pas parlé de prescription pharmaceutique. Mais cette solution n’était pas satisfaisante. La mesure du PLFSS 2024 ouvre la voie à cette 3e catégorie de médicaments avec les protocoles cystite et angine. »
Marché de l’emploi post-Covid
Métiers de l’officine : anatomie d’une pénurie
Près de 45 fois plus de cas en 2023
Rougeole : l’OMS appelle à intensifier la vaccination en Europe
Pharmacien prescripteur
Après les vaccins, les antibiotiques
Logigramme, formation…
Le dépistage de la cystite en pratique