La débrouille ! Devant la pénurie de médicaments à laquelle les pharmacies et leurs patients se trouvent confrontés, les malades se trouvent dans la situation délicate d'en appeler à la solidarité de leurs voisins sur les réseaux sociaux pour pouvoir continuer à prendre leur traitement.
« Le médicament de ma fille 9 mois manque depuis plus de 2 mois en pharmacie. Je me disais juste que peut-être quelqu'un avait ce médicament chez lui et ne s'en servait plus. Elle en a absolument besoin », écrit Marcela Cristina S., en quête de Flixotide.
« Bonjour à tous, étant atteint de la maladie de Ménière et étant le seul traitement qui me fait du bien je suis à la recherche du médicament Lectil 16 mg* (bétahistine, N.D.L.R.) (…) Même si la date arrive à terme de péremption, je suis preneur jusqu’à ce que l'on soit capable de nous en refournir dans nos pharmacies », lance pour sa part Guillaume C., un patient, sur son mur Facebook ouvert au public. Les témoignages comme ceux-ci sont légion sur les réseaux sociaux. Face aux ruptures de stocks, voilà les malades contraints de chercher à s'approvisionner de façon hasardeuse, sinon dangereuse !
Une démarche risquée
« Une momie ça se conserve éternellement, pas les médicaments », ironisait encore récemment l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans une récente campagne. « Les médicaments mal conservés ou périmés peuvent perdre en efficacité ou être contaminés par des bactéries », rappelle l'ANSM.
Il n'empêche, comment faire quand la prise d'un traitement s'avère vitale ? « Il y a du dépannage entre patients qui ont conservé une boîte ouverte dans leur armoire à pharmacie. On en est là », assure pour sa part Patrick Baudru, patient et administrateur de l'association Épilepsie France. Une pathologie dont les victimes sont malheureusement habituées aux difficultés d'approvisionnement. « Nos traitements, qui sont personnalisés, peuvent varier en fonction de l'évolution de la maladie. Dans le contexte actuel, même si aucun neurologue ne vous le confirmera, certains médecins appellent les patients dont ils viennent de changer le traitement pour savoir s'ils peuvent orienter un patient en situation de pénurie », indique-t-il.
La démarche de ces patients tentant de trouver « leur » médicament à tout prix peut s'avérer d'autant plus risquée quand ils refusent les alternatives proposées. « Le pédiatre m'a donné des antibiotiques pour attendre l'approvisionnement du médicament initialement prescrit, mais je n'ai franchement pas envie à cause des effets que cela engendre à long terme », argumente en substance Marcela Cristina S. dont le choix, au regard des réponses qui lui sont faites, a trouvé écho auprès de ses contacts Facebook.
* Le laboratoire Bouchara-Recordati, producteur de Lectil s'explique : « Pour une raison que nous ignorons, les génériqueurs n'approvisionnent plus le marché. Nous devons donc remédier à leur défaillance dans des proportions qui sont éloignées de notre production habituelle. C'est pourquoi, et nous le regrettons, il y a un tel décalage entre l'offre et la demande. »