Depuis le revirement du gouvernement qui a notamment demandé aux municipalités de fournir des modèles à usage non sanitaire à tous les Français en vue du déconfinement, de nombreux patients se succèdent au comptoir en quête de conseils sur les patrons, la disponibilité ou le mode de lavage de ces dispositifs de protection. Le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) et les syndicats représentant la profession ont d'ailleurs pris position, demandant au ministère de la Santé d'autoriser les officinaux à vendre ces masques dits « grand public ».
Un changement de culture
Une initiative qui suscite l'adhésion de l'Association française de normalisation (AFNOR), qui a établi un cahier des charges (AFNOR Spec) sur les masques barrière, en ligne depuis le 27 mars et déjà téléchargé plus de 600 000 fois. « On espère bien que les pharmaciens pourront en vendre. Nous cherchons à avoir des points de relais identifiés et sommes ouverts à tous les partenariats », précise un responsable de l'AFNOR. Le groupe a également développé sur son site une plateforme solidaire, opérationnelle depuis le 8 avril, qui met en relation offreurs et demandeurs de masques barrières. « Un changement de culture s'impose à nous et la question des masques reste énigmatique pour de nombreuses personnes. Bénéficier du conseil du pharmacien serait donc pertinent, cela permettrait au public de recevoir des explications précises sur leur usage, la manière de le mettre et de l'enlever, ce qu'il faut faire et ne pas faire… », détaille l'AFNOR. Sur le site « change.org », une pétition adressée au ministère de la Santé a même été lancée pour « que les pharmacies puissent vendre des masques antiprojections lavables normés AFNOR ». À la date du 16 avril, elle avait recueilli près de 600 signatures.
Comme le précise la direction générale des entreprises (DGE), deux catégories de masques « grand public » ont été définies : les masques filtrants à usage des professionnels en contact avec le public et ceux à visée collective pour protéger l’ensemble d’un groupe sans contact avec le public. Le document réalisé par l'AFNOR rappelle également à toutes fins utiles que ces deux catégories ne sont destinées qu'aux personnes saines ne présentant aucun symptôme et qu'ils ne peuvent être portés plus d'une demi-journée. L'efficacité de ces modèles est maximale s'ils sont portés en contact direct avec la peau. Un masque barrière doit également être en mesure de résister à au moins cinq cycles de lavage. Le cycle complet de lavage doit durer 30 minutes au minimum avec une température de lavage de 60 °C. Il n’est pas recommandé d’utiliser des produits spécifiques autres que la lessive habituelle. Le cahier des charges mentionne par ailleurs la liste de matériaux recommandés pour la confection de masques en indiquant le niveau de performance de chacun d'eux. Régulièrement, l'AFNOR reçoit des suggestions d'amélioration qui lui servent à affiner certaines de ses recommandations. « On a récemment évoqué la question de la phase de séchage, on conseille désormais qu'elle n'excède pas deux heures, précise l'AFNOR. Nous sommes également en train de travailler sur la question des formats de masques pour les jeunes enfants en vue du retour à l'école prévu le 11 mai. »