Certes, notre dessin est un peu « cliché »…
Mais au-delà de la caricature, disons-le, les femmes ont plus souvent froid que les hommes. La température jugée confortable par une majorité de femmes se situe autour de 25 °C, contre 21 °C pour les hommes. Si cette différence de perception est parfois cause de conflit au sein des couples (ou bien de rapprochement), elle reste pour une bonne part mystérieuse quant à son origine. Le prix Nobel 2021 de physiologie et de médecine qui vient d’être attribué à l'américain David Julius, découvreur du premier récepteur neuronal de la température (TRPV1), lèvera-t-il le voile sur cette injustice physiologique ? Pas sûr. Mais d'autres chercheurs progressent déjà sur ce curieux déséquilibre. Ainsi, en Israël, des scientifiques de l'école de zoologie de l'université de Tel Aviv se sont glissés sous la couette de quelques couples… de chauve-souris ! Et leur découverte est étonnante. Durant la saison de reproduction, ils ont étudié une population de chiroptères du Mont Hermon (nord d'Israël). Leurs observations montrent qu'à cette période, les mâles et les femelles ont tendance à se séparer, les mâles habitant plutôt des zones plus fraîches. En l'occurrence, les chauves-souris mâles vivaient au fond des grottes du Mont Hermon, tandis que les femelles rejoignaient la zone plus chaude de la mer de Galilée. « Nous suggérons que les différences de préférence de température reflètent des différences dans le système nerveux et que, tout comme les mâles et les femelles ressentent la douleur différemment, ils ressentent le chaud et le froid différemment, explique le Dr Eran Levin, auteur principal de l'étude. Et en conséquence, ils restent souvent éloignés les uns des autres, à la recherche de températures différentes. » Pour étayer leur théorie, les chercheurs ont compilé les informations recueillies en Israël durant près de 40 ans sur des milliers d'oiseaux de 13 espèces différentes et 18 espèces de chauves-souris. Au total, analysent-ils, la séparation des sexes en dehors de la saison de reproduction, réduit la concurrence entre les mâles pour les femelles.
Dernier avantage de cette adaptation évolutive qui fait que les femelles ressentent davantage le froid : « elles ont tendance à s’occuper de leur progéniture qui, dans de nombreux cas, a besoin que la température soit régulée pour elle. Lorsque les femelles sont plus sensibles au froid, elles sont davantage incitées à réchauffer les petits », explique enfin le Dr Eran Levin.