Dernièrement, un article signalait que le ministre de la Santé a poussé la porte d’une officine parisienne pour se rendre compte des conditions de la réalisation des tests antigéniques par les pharmaciens de ville (« le Quotidien du pharmacien » n° 3643 du 24 novembre). Visite concluante de l’avis du ministre, qui, à la suite, n’a pas manqué de souligner l’implication de l’ensemble du réseau officinal depuis le tout début de l’épidémie…
Outre l’effet d’annonce suscité par le sérieux avec lequel Olivier Véran « trace » l’avancée des opérations, un élément est à retenir dans cette scène : la présence d’un préparateur. D’autant que c’est ce dernier qui a effectué le prélèvement. Sa présence démontre sans conteste que les efforts fournis par le monde officinal pour assurer toutes les missions qui lui sont dévolues relèvent bien de l’ensemble des diplômés œuvrant en officine.
Pourtant, même si le corps des préparatrices et préparateurs est bien identifié par le code de la santé publique parmi les « professions de la pharmacie », et donc comme professionnels de santé, il semblerait qu’une instance ministérielle ait mystérieusement occulté l’information. Pour preuve, ces professionnels ont été oubliés lors du don de masques issus des stocks de l’État. Ils disparaissent de nouveau des listes de professions pouvant bénéficier de tests Covid gratuits. Fort heureusement, la FSPF a pu rattraper de telles erreurs et a permis qu’ils soient inclus dans les dotations de l’État.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Car, si des tests Covid peuvent être réalisés sur tout professionnel de santé le désirant, et sur présentation de sa Carte CPS, préparatrices et préparateurs n’y ont pas droit car ne possédant pas cette carte, étant donné qu’elles/ils ne sont pas « des professionnels de santé autonomes » (art. L4241-1).
Où se trouve alors « le bug » qui exclut ce corps professionnel des professionnels de santé ? Amené à seconder les pharmaciens d’officine, sa formation et ses compétences ont considérablement évolué depuis quelques années. À l’heure où les missions confiées aux pharmaciens de ville tendent à se diversifier, comment ne pas considérer que préparatrices et préparateurs sont des ressources inestimables. Sans leur concours, de nombreux titulaires seraient vite submergés. Non pour assurer la gestion de gammes de parapharmacie ou d’autres tâches subalternes, mais dans des registres directement attachés à l’exercice pharmaceutique : bon usage du médicament, conseils pratiques aux patients sur le traitement, conseil de traitement pour des troubles mineurs, bonne utilisation de nombreux dispositifs médicaux. La visite du ministre a ainsi mis en évidence une des nouvelles missions auxquelles elles/ils sont amené(e)s à participer. L’acquisition de savoir, savoir-faire et savoir-être leur permet une totale intégration dans l’équipe officinale.
« Le bug » aurait-il pour origine la dénomination de ces professionnels ? L’étrangeté de celle-ci n’y est peut-être pas pour rien. Comme l’activité de « préparation officinale » s’est considérablement raréfiée, une bonne partie du public risque de considérer que leur activité se limite à la fonction de vendeuses/vendeurs ou à la préparation de commandes ! Ce type de représentation ne peut qu’aller à l’encontre d’une modification de leur statut. Face à ce manque de reconnaissance, une des solutions ne serait-elle pas de changer leur nom : pourquoi pas « assistant(e)s en pharmacie ». Leur fonction de seconder des pharmaciens ne serait-elle mieux comprise des patients et ne participerait-elle pas plus sûrement à la valorisation de cette profession ?