La mise à disposition des produits de contraste par les radiologues, sans que les patients n’aient donc à se les procurer en officine, a été inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, puis confirmé dans celui pour 2024. Sa mise en application s’avère, depuis, très laborieuse. Suite à une décision de la direction de la Sécurité sociale (DSS), les produits de contraste destinés aux IRM, qui devaient être achetés directement par les cabinets de radiologie à partir du 1er juillet 2023, sont toujours délivrés par les pharmaciens aujourd'hui. Ils ne le seront théoriquement plus à partir du 1er mars 2024.
Une réunion avait lieu ce 11 janvier en présence de la DSS, de la DGOS, de l’assurance-maladie, des représentants des radiologues, des grossistes-répartiteurs et des syndicats de pharmaciens pour faire le point sur la mise en œuvre de cette mesure. À moins de deux mois de l’échéance, la situation est encore loin d’être claire. « Nous sommes sortis de cette réunion avec plus de questions que de réponses. Ce qu’on peut dire, c’est que rien n’est encore prêt » , résume Denis Millet, secrétaire général de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Au cœur des interrogations, la question des stocks qui resteront sur les bras des pharmaciens une fois passée la date du 1er mars. « Les laboratoires ne sont pas très favorables à l’idée de les reprendre, les grossistes réduisent leurs stocks… De peur de se retrouver avec des produits invendables, les pharmaciens ont eux aussi logiquement commencé à déstocker, explique Denis Millet. Le risque c’est que l’on se retrouve en rupture pour ces produits de contraste. Il faudrait peut-être que l’État comprenne qu’il doit trouver des solutions pour garantir la fluidité du système », suggère-t-il. La DSS a promis d’apporter une solution sur cet épineux sujet des stocks, sans toutefois préciser à quel délai… Pas forcément très rassurant alors que ces produits sont censés sortir du circuit de ville dans moins de deux mois.
Autre doute qui demeure, le sort réservé aux produits de contraste de petit volume, notamment des injections intra-articulaires utilisées par les radiologues lors d’arthroscopies. Des produits dont on ne sait pas encore s’ils pourront être distribués dans le circuit de ville ou non après le 1er mars.
C’est donc toujours dans la douleur et dans la confusion que cette mesure censée générer des économies se met en place. « Ce changement de règles fait l’unanimité, mais contre lui ! », fustige Pierre-Olivier Variot. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) n’a eu cesse de dénoncer cette mesure depuis qu’elle a été annoncée et doute aujourd’hui fortement qu’elle puisse être pleinement opérationnelle dès le 1er mars. Il redoute des problèmes dans les semaines à venir. « Il n’est toujours pas question de reprendre les stocks et les industriels ne sont pas encore en capacité de livrer directement leurs produits aux cabinets de radiologie. Nous risquons donc d’avoir un problème au niveau de l’approvisionnement », alerte-t-il.