Dimanche 29 août, l’équipage du quatre barré mixte* français décroche la médaille de bronze des Jeux paralympiques de Tokyo, derrière la Grande-Bretagne et les États-Unis. À la barre de ce bateau, Robin Le Barreau, pharmacien charentais de 28 ans, obtient la récompense de quinze années d’efforts.
« J’ai commencé l’aviron en 5e, dans le Cognac Yacht Rowing Club qui, depuis 150 ans, a formé de nombreux champions », explique-t-il. Rameur, puis barreur, en raison de son petit gabarit, il se passionne pour ce sport qui allie qualités physiques, techniques, coordination… et lui offre tout ce qu’il aime : grand air, glisse, esprit d’équipe. « Le barreur, c’est un chef d’orchestre, souligne-t-il, un entraîneur qui travaille sur la stratégie, la tactique de course. » En effet, dans le bateau, le barreur connaît les capacités de chacun et donne de la voix** pour impulser le tempo, durant les 2 000 m de course ; un effort violent qui dure entre 7 à 8 minutes.
Robin le barreur
À 17 ans, Robin Le Barreau rejoint l’équipe de France junior, puis celle des moins de 23 ans avec laquelle il obtient sa première médaille (bronze) aux championnats du monde. Il ne participe pas aux Jeux de Londres, pour cause d’études, car c’est l’année de la Paces : « Je voulais être médecin, explique-t-il, pour faire la médecine physique et de réadaptation, mais j’ai été séduit par la pharmacie, la variété des matières, l’alternance de théorie et de pratique, la chimie… Et je ne le regrette pas ! »
En 2015, il intègre l’équipe de France paralympique. L’aviron est un des rares disciplines où un valide peut intégrer, comme barreur, un équipage de rameurs handicapés. Robin Le Barreau devient le barreur du 4 de pointe mixte qui multiplie les succès***, pour finir avec le bronze paralympique.
Parallèlement, il poursuit ses études en filière industrie et recherche. Un stage à l’Omedit, puis un master en santé publique, l’amènent à faire un stage à l’ARS. Après sa thèse (2020), il y est recruté comme conseiller à la Cellule de veille, d’alerte et de gestion sanitaire. Un poste où il gère les alertes sanitaires sur 12 départements, les maladies à déclaration obligatoire, la pharmacovigilance… et où il fut parmi les premiers mobilisés, lors du premier cas français de Covid, à Bordeaux.
Épanoui dans son métier
« C’est un travail passionnant, mobile et très diversifié, indique-t-il. Le matin on ne sait jamais ce qui va nous tomber dessus. J’aime travailler avec des médecins, des infirmières, être en contact avec des mairies, la préfecture, les ministères et parfois mes confrères d’officines. Je me sens vraiment épanoui dans ce métier. »
Mais il faut le concilier avec les exigences du sport de haut niveau : « Au début, je prenais sur mes congés, explique-t-il, mais depuis 2020, je bénéficie d’une Convention d’insertion professionnelle qui permet de me libérer à chaque convocation fédérale. C’est bien utile. En année olympique, on peut avoir jusqu’à 10 jours de stage par mois. » Sans oublier les entraînements quasi-quotidiens en individuel, et avec l’équipage le week-end.
Vers Paris 2024
Bien dans son métier et dans son sport, Robin Le Barreau rêve de Paris 2024. Un sacre à domicile ne serait pas pour lui déplaire, mais c’est avant tout la passion du partage qui le guide : « La richesse de ce sport c’est le groupe, l’équipage avec qui on passe plus de temps qu’avec ses proches. » Un esprit de groupe et de solidarité qu’il s’attache aussi à promouvoir auprès des jeunes, par son implication dans son club et la Fédération.
* Bateau de pointe (une seule rame par rameur) composé d’un barreur, Robin Le Barreau et d’un équipage mixte composé de deux filles et deux garçons : Margot Boulet, Erika Sauzeau, Antoine Jesel et Rémy Taranto.
** Aujourd’hui plus de porte-voix, mais un micro pour le barreur et des haut-parleurs installés dans le bateau.
*** Finaliste (8e) des Jeux de Rio (2016) ; bronze en Coupe du Monde (2017), aux championnats du monde (2018), aux championnats d’Europe (2020, argent en 2021).