Nouvelles missions, rémunération à l’acte pharmaceutique, travail en interprofessionnalité dès le début des études… L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) publie ce 23 janvier un livre blanc qui fait état des évolutions souhaitées par les futurs officinaux.
« Ce livre blanc sera porté auprès des décideurs politiques d'une part (ministère, candidats à la présidence…). D'autre part il servira dans les négociations de la prochaine convention avec l'assurance maladie », évoque l’ANEPF.
Les nouvelles missions
Tout d’abord, les jeunes veulent s’investir dans les nouvelles missions : « le rôle du pharmacien (d’officine, biologiste et hospitalier) doit être renforcé dans la dispensation des Tests Rapides à orientation diagnostique (TROD), notamment pour le VIH et le VHC », précisent-ils. La vaccination en officine est aussi demandée par les étudiants : elle apporterait une « réponse à l’érosion de la couverture vaccinale en France ». Côté prévention, le rôle du pharmacien mériterait d’être accentué : ils pourraient, par exemple, relayer tous ensemble, dans le cadre d’une coordination globale, certains programmes nationaux de prévention. Par ailleurs, l’ANEPF ambitionne de mettre en place en officine des « rendez-vous santé » pour les personnes jugées en bonne santé, permettant, en complément du dépistage, d’appliquer des mesures personnalisées. Les entretiens pharmaceutiques doivent eux aussi être encouragés et approfondis, notamment pour les patients souffrant de maladies chroniques ou encore sur des thématiques de prévention des comportements à risque (sevrage tabagique, alcoolisme, toxicomanie, etc.). L’ANEPF espère même que l’officinal devienne « pharmacien et clinicien » et qu’il puisse, par exemple, prolonger une ordonnance, prescrire des analyses de laboratoire, prescrire un médicament lorsqu’aucun diagnostic n’est requis, ajuster l’ordonnance d’un médecin, substituer un médicament en cas de rupture de stock… en s’inspirant de ce qui existe déjà dans certains pays, comme le Canada. Ce qui « replacerait le pharmacien dans son rôle d’expert du médicament », avance l’ANEPF.
Rémunération à l'acte
En revanche, toutes ces évolutions de la profession, incluant de nouvelles missions et de nouveaux services, doivent à leurs yeux s’accompagner d’un nouveau mode de rémunération. « L’âge d’or de la rémunération à la marge est révolu », martèlent les étudiants. « Toutes ces missions devront être rémunérées, pour valoriser les compétences du pharmacien », demandent-ils, en reconnaissant qu’une « période de transition sera nécessaire entre la rémunération actuelle à la quantité de produits délivrés et une nouvelle rémunération à l’acte pharmaceutique », afin que la profession puisse absorber cette évolution. L’ANEPF propose de « conserver la rémunération actuelle en y ajoutant une rémunération en cas d’action sur l’ordonnance, tel qu’une modification de posologie, une suppression de médicament ou encore un refus de délivrance ».
Interprofessionnalité
Par ailleurs, l’association désire que l’interprofessionnalité se développe, et qu’elle commence dès les études, avec des stages entre les différentes filières de santé. L’ANEPF souhaite également la mise en place d’un dossier patient qui serait partagé entre les professionnels de santé. « Un tel dossier permettra au pharmacien d’avoir un avis plus éclairé sur le traitement qu’il délivre, et donc éventuellement de pouvoir l’adapter ». Le livre blanc présente enfin un avis sur l’agencement dans les officines et sur la place de la communication dans les vitrines. Pour l’association, les officines doivent s’équiper de véritables espaces de confidentialité, et distinguer nettement en leur sein « des espaces thématiques, des espaces de confidentialité et un espace de vente plus rapide ». Quant aux vitrines, les étudiants sont favorables à la mise en place ponctuellement d’affiches couvrant toute la vitrine (full-covering) pour communiquer sur diverses campagnes de prévention. « Une rémunération de cet affichage pourra être réfléchie », précise le livre blanc.