Qu’ils soient directement liés à la pathologie ou aux effets secondaires des traitements, les troubles sur l’alimentation des personnes atteintes de cancer engagent tant les pronostics de la thérapie que la qualité de vie des patients. Au rang de ces principaux troubles, la perte d’appétit, les difficultés de mastication, les altérations du goût, la sécheresse buccale, les aphtes et les mucites influent en effet considérablement sur l’appétit. Un patient sur deux atteints d’un cancer déclare manger moins et 32 % affirment même redouter le moment des repas (1).
Menace de dénutrition
Outre les conséquences sur l’état psychologique du patient et sur sa vie sociale, ce désintérêt pour l’alimentation entraîne une malnutrition, sinon une dénutrition qui peuvent mettre en péril le traitement, les dosages n’étant alors plus adaptés. Ainsi, 40 % des personnes atteintes de cancer sont dénutries, ce taux atteignant même 60 % chez les patients hospitalisés.
Afin d’inciter ces personnes à recouvrer les apports nutritionnels correspondant aux besoins de leur organisme, le Laboratoire Biogaran a lancé « Mieux dans mon assiette avec le cancer », un programme de conseils, d’astuces et de recettes destinés à les aider à conserver le plaisir de manger pendant les traitements contre le cancer. « Il s’agit d’apporter quelque chose de positif, de souriant sans être désinvolte », expose Isabelle Morin, directrice marketing et communication du laboratoire, rappelant que la nutrition est au cœur de 36 % des contributions des patients sur les forums Internet (2).
Secrets de chef
Fer de lance de ce programme, le guide édité par Biogaran avec la collaboration d’Alix Mottard-Goerens, diététicienne au centre de lutte contre le cancer Léon Bérard à Lyon et du cuisinier Grégory Cuilleron (« La tournée des popotes » sur France 5, propriétaire du restaurant « Les cinq mains » à Lyon). Sa diffusion à 150 000 exemplaires est assurée depuis le début du mois de septembre auprès des pharmaciens. « Le virage du traitement du cancer en ambulatoire, avec notamment l’évolution des thérapies orales conjugué aux axes de la loi HPST dans l’accompagnement du patient, fait du pharmacien l’interlocuteur privilégié de ces personnes atteintes de cancer », rappelle Isabelle Morin. « Les patients ont peu l’occasion d’aborder les questions de nutrition avec leur oncologue. Par manque de temps ou tout simplement parce que le traitement n’ayant pas encore été entrepris, les troubles ne sont pas apparus. Le pharmacien est un acteur de proximité auquel ils peuvent s’adresser fréquemment et qui peut leur apporter des réponses pratiques », ajoute Corinne Dardel, directrice marketing grand public.
Neutraliser les effets indésirables
Huit des principaux effets indésirables des traitements anticancéreux sur l’alimentation ont ainsi été répertoriés par Alix Mottard-Goerens au fil de son expérience auprès des patients. Sur 72 pages, la diététicienne et Grégory Cuilleron y apportent des solutions concrètes que le pharmacien et son équipe peuvent également dispenser au comptoir grâce à un mémo qui leur est dédié.
Outre les règles simples concernant les apports en eau, en fruits et légumes, en viandes, en poissons et œufs, pour chaque trouble sont suggérés une ou plusieurs astuces. Pour contrer la perte d’appétit lié au traitement, mais aussi au stress généré par la douleur et par la maladie, les deux experts recommandent de fractionner les repas et de favoriser les petites portions. À titre d'exemple, le cake saumon mozzarella au parfum de citron se révèle ainsi idéal pour être consommé en petites portions.
Aux 67 % des patients qui préfèrent des aliments hachés ou mixés car ils éprouvent des troubles de la déglutition, (effets secondaires de la radiothérapie en zone ORL), il est proposé une crème d’artichaut au gorgonzola. Effet indésirable caractéristique des traitements des cancers localisés au niveau de la tête et du cou, la sécheresse buccale prive de nombreux patients du plaisir de manger. Outre les glaçons et l’eau gazeuse, un mets onctueux tel la panna cotta au lait d’amande accompagné d’une compotée d’oranges pourra faire oublier, ne serait-ce que momentanément, ces désagréments. Autre mets onctueux, le smoothie d’avocat pourra soulager des mucites qui touchent 50 % des patients sous traitement anticancéreux.
Retrouver la convivialité
Quant aux nausées et vomissements qui génèrent pertes de poids et fatigue, ils seront atténués par la prise espacée d’aliments froids, n’émettant pas d’odeur et sans graisse, comme le taboulé libanais. Aux patients souffrant de troubles du transit, diarrhée ou constipation, il sera respectivement proposé une recette de gnocchis ou un tartare de cabillaud exotique.
Enfin, l’altération du goût étant la préoccupation de 63 % des patients sous chimiothérapie (40 % déclarent ne plus supporter les goûts acides, 41 % les amers, et 39 % les épicés), une recette de bâtonnets croustillants de poulet, sauce aux épices douces, devrait mettre tout le monde d’accord. Et surtout permettra aux patients de s’attabler avec leur entourage. Car la convivialité dont ils sont souvent coupés en raison des troubles de la nutrition liés à leur pathologie est un facteur primordial de leur qualité de vie.
C’est ainsi que ce livre d’astuces et de recettes pourra également être remis aux aidants en guise de soutien. En tout état de cause, cet outil d’accompagnement s’avérera précieux aux pharmaciens, souvent démunis face à l’annonce du cancer de l’un de leurs patients.
(1) Enquête portant sur 160 patients de l'hôpital de Beauvais traités pour un cancer.
(2) Analyse quantitative de 77 986 messages et qualitative de 500 verbatims sur un an de conversations sur l’ensemble du Web à propos sur cancer. Étude réalisée en France par l’agence Groupe 361 de janvier à décembre 2014.