Quelles stratégies mettre en place pour améliorer l’efficacité des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (checkpoint) ?
« Ces molécules récentes ont été qualifiées de révolutionnaires, explique le Pr Christophe Le Tourneau, chef du département essais précoces à l’institut Curie. Pourquoi ce terme ? Certains patients ont répondu si longtemps qu’on se demande s’ils ne sont pas guéris. Mais cela ne concerne qu’une minorité. Il faut faire mieux. »
Un constat prudent que tempère encore Sebastian Amigorena, directeur du centre d’immunologie des cancers à l’institut Curie. « Pour le cancer du poumon et le mélanome, les deux grandes indications pour lesquelles une réponse objective et forte a été obtenue, le taux de réponse est de 30 à 40 %, explique le chercheur. Ces patients répondent en majorité à long terme, mais cela ne fait plus que 20-30 % sur l’ensemble des patients traités. Les associations de molécules permettent de faire mieux ».
Combiner les traitements, c’est l’une des voies à l’essai aujourd’hui pour faire mieux que l’immunothérapie en monothérapie. Des milliers d’essais sont en cours pour des associations à la chimiothérapie, à la radiothérapie ou à la chirurgie. « L’association d’inhibiteurs de checkpoint à la chimiothérapie a donné de bons résultats, notamment dans le poumon, explique le Pr Christophe Le Tourneau. Pour l’association à la radiothérapie, les essais sont en cours. En ce qui concerne l’association des molécules d’immunothérapie entre elles, ce n’est pas extraordinaire : l’une d’entre elles s’est révélée efficace dans le mélanome mais au prix d’une forte toxicité et, quant aux autres, elles ne font ni pire ni mieux ».
Selon Sebastian Amigorena, il faut également aller vers des immunothérapies d’autres types. « Aujourd’hui, on sait débloquer le système immunitaire, précise-t-il. Le raisonnement est maintenant de "pousser le moteur". Deux nouvelles pistes sont à l’essai : l’association inhibiteurs de checkpoint + vaccin thérapeutique et celle inhibiteurs de checkpoint + CAR-T cells ». Si ces derniers essais cliniques sont encore préliminaires, l’association aux traitements conventionnels est plus avancée et fait espérer une amélioration prochaine à la fois de l’efficacité et des indications des inhibiteurs de checkpoint, notamment aux stades plus précoces de la maladie.