Distinction

Deux pharmaciens à l’honneur

Publié le 16/03/2009
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Les pharmaciens Martine Chauvé et Jean Lamarche ont respectivement reçu les insignes de chevalier dans l’ordre national du mérite et de chevalier dans l’ordre national de la légion d’honneur, des mains du président Jean Parrot.
Jean Lamarche





pharmacien ordre

Jean Lamarche pharmacien ordre
Crédit photo : S. toubon

Martine Chauvé

Martine Chauvé
Crédit photo : cga

UN PEU comme Obélix dans la potion magique, Martine Chauvé est « tombée » dans le bain pharmaceutique dès son plus jeune âge. Notre consœur, qui recevait il y a quelques jours les insignes de chevalier dans l’ordre national du mérite, avait seulement 5 ans que déjà son terrain de jeu favori était l’arrière-boutique de l’officine maternelle. Une mère titulaire, un père pharmacien dans l’industrie, il n’en fallait pas plus à Martine Chauvé pour faire naître en elle une vocation tenace. « Jeune diplômée, vous reprenez l’officine de votre maman, puis développez un concept alors assez novateur, le merchandising », rappelle Jean Parrot lors de la cérémonie de remise des insignes, avant d’évoquer quelques uns des obstacles surmontés avec pugnacité par Martine Chauvé au cours de sa carrière officinale : « Le lendemain de l’achat de votre seconde officine, dont le préparatoire est très actif, arrive le déremboursement des préparations… Qu’importe, vous savez rebondir, et devenez l’un des plus gros prestataires de la région en ce domaine. »

Mais l’activité de Martine Chauvé n’est pas seulement centrée sur son officine. Très vite, son énergie et sa rigueur la font remarquer par ses pairs qui l’accueillent avec bonheur à l’Ordre des pharmaciens. En 1993, elle entre ainsi, aux côtés de Jean-Luc Audhoui et Christian Blaesi, ses mentors de l’époque, à l’Ordre régional des pharmaciens d’Ile-de-France. Cette mère de trois enfants, douée d’un sens de l’humour décapant, participe par ailleurs à de nombreuses commissions d’experts, notamment dans le cadre de l’AFSSAPS, et occupe, dès 1999, des responsabilités croissantes à la FIP (Fédération internationale de la pharmacie) dont elle préside aujourd’hui la section officine.

Un parcours exemplaire.

Jean Lamarche, l’autre récipiendaire de cette soirée à l’Ordre des pharmaciens, cachait mal son émotion lorsque le président Parrot agrafa à son revers l’insigne de chevalier dans l’ordre national de la légion d’honneur. Il y a quelques semaines à peine, il recevait déjà un prix de l’Ordre 2 008 des mêmes mains. Il faut dire que le parcours professionnel de notre confrère est exemplaire à plus d’un titre.

Diplômé en 1967, Jean Lamarche se lance très tôt dans la lutte contre les toxicomanies. « En 1979, vous avez fait une promesse au père d’un de vos jeunes clients mort d’une overdose, celle de se battre contre le fléau. Ce jeune homme se piquait régulièrement avec des seringues de vaccin antitétanique », rappelle Jean Parrot. Jean Lamarche s’engage alors dans l’association REPSUD et devient, bien malgré lui, pharmacien vedette du premier Sidaction en 1993. C’est d’ailleurs cette intervention qui amènera le pharmacien à soigner ses talents de communiquant. Depuis cette date, Jean Lamarche est ainsi très souvent sollicité par les médias sur les questions qui touchent à la pharmacie.

Militant, humaniste et cinéphile.

Au-delà de son implication ordinale et de ses multiples participations aux commissions de l’AFSSAPS, de la DGS ou de l’ANAES, ce qui marque l’engagement à la fois militant et humaniste de Jean Lamarche est incontestablement la création, en 1994, de l’association Croix Verte et Ruban Rouge. Entièrement dédiée à la lutte contre le Sida et la toxicomanie, l’association mène sous sa houlette de nombreux combats : seringues et préservatifs à 1 franc, puis à vingt centimes d’euros, délivrance des antirétroviraux, traitements de substitution aux opiacés, préservatif féminin, et, aujourd’hui, contraception d’urgence.

Mais Jean Lamarche est un homme qui regarde en avant. « À l’avenir, il faudra sans doute compter avec la pression de la publicité, ce qui j’espère, donnera aux officinaux formés et motivés un nouveau pouvoir de régulateur. C’est l’un des points importants du dernier amendement présenté à l’Assemblée. Je rêve du nouveau pouvoir qui sera accordé à mes jeunes confrères. » Rêve encore, mais cette fois-ci hors du champ professionnel, ce cinéphile averti et passionné, travaille à un projet à la fois original et ambitieux : « J’élabore depuis plusieurs mois une DVD thèque des films du monde entier, depuis 1895, qui pourrait permettre aux gens ayant quelques problèmes existentiels de trouver des dérivatifs adaptés sans passer par une consommation d’alcool ou de psychotropes, qui ne sont dans ces cas que de mauvaises solutions. »

DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2647