LE CHANGEMENT, c’est maintenant ? Les officinaux veulent y croire. En tout cas en ce qui concerne leur profession. C’est dans ce contexte que se déroulera le congrès national des pharmaciens de Lille, organisé par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’Association de pharmacie rurale (APR) et l’UTIP-Formation pharmaceutique continue. « Le changement est en marche et il ne s’arrêtera plus », estime ainsi Benoît Thiébaut, président de l’APR. La mise en œuvre du développement pharmaceutique continu (DPC) et surtout de la nouvelle convention marquent en effet des tournants majeurs pour la profession. Pour Thierry Barthelmé, président de l’UTIP, cette convention montre bien que, désormais, « c’est sur le terrain du professionnalisme que l’on attend les pharmaciens ». Et le rôle de l’UTIP est « d’accompagner ce changement », ajoute-t-il.
Des armes anticrise.
Mais, au-delà d’une évolution du métier, ce nouveau cadre conventionnel pourrait aussi permettre à l’officine d’affronter la crise actuelle et les décisions qui ne sont pas sans conséquences sur l’économie des pharmacies. Deux avenants importants sont d’ailleurs attendus d’ici à la fin de l’année. Le premier concerne l’accompagnement des malades sous anticoagulants (AVK) pour lequel les officinaux seront rémunérés sur la base d’un forfait de 40 euros par an et par patient. « Les discussions concernant cet avenant avancent bien et nous serons dans les temps pour démarrer au 1er janvier 2013 », assure Philippe Gaertner, président de la FSPF. Le second avenant porte sur l’introduction d’une part d’honoraires dans la rémunération : 12,5 % de la marge dès l’année prochaine et 25 % dans les cinq ans. Toutefois, sur ce dossier, les négociations semblent démarrer plutôt lentement. Or, « compte tenu du contexte économique actuel, il y a urgence », prévient Philippe Gaertner. Le président de la FSPF ne cache d’ailleurs pas son inquiétude quant à la situation économique du réseau.
Cote d’alerte atteinte.
Selon lui, tous les indicateurs virent au rouge. Le nombre de décisions prises par les tribunaux de commerce augmente et avoisine aujourd’hui les 50 par mois. Ce qui fait dire à Philippe Gaertner que « 2012 sera plus mauvaise que 2010, qui était déjà la plus mauvaise des années ». Autre signal inquiétant, l’évolution du chiffre d’affaires (CA) des officines. Selon les premiers résultats de la dernière enquête économique menée par la FSPF, près d’une officine sur deux présenterait une évolution négative de son CA. « L’impact des lois de finance successives est très variable d’une pharmacie à l’autre et dépend de la patientèle », souligne Philippe Gaertner. Dans ce contexte déjà morose, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013 qui se profile n’est pas fait pour rassurer le président de la FSPF. En effet, « une fois encore, le médicament sera le poste auquel on demandera le plus d’économies », craint-il. D’après ses calculs, l’effort se situerait entre 1,1 et 1,2 milliard d’euros : 880 millions d’euros par des baisses de prix et 300 millions d’euros grâce à la maîtrise médicalisée. « Nous sommes dans la continuité de 2012, année où la chaîne du médicament n’avait déjà jamais été autant sollicitée », fait remarquer le président de la FSPF. Au total, « il y a alerte rouge », lance-t-il. Pour un état des lieux complet et une présentation des solutions, rendez-vous au congrès de Lille.