Le Quotidien du pharmacien.- Dans quel climat s’est déroulée la deuxième séance de négociations conventionnelles ?
Gilles Bonnefond.- Ces négociations ont été menées dans une ambiance de travail. Pour l’instant, nous avons déposé nos intentions sur la table, et nous faisons le tri entre ce qui est prioritaire ou non. Il est vrai que nous n’avons pas encore attaqué le dur, c’est-à-dire la partie économique et tout son mécanisme.
Quels ont été les principaux points abordés ?
Nous avons attaqué la partie métier et, tout particulièrement, la prise en charge des personnes âgées. Elle peut s’envisager sous deux aspects complémentaires. Soit sous l’angle d’un acte de dispensation, soit sous la forme d’un bilan de médication pour les personnes âgées qui accepteront l’entretien pharmaceutique. Rien n’a été arrêté à cette étape des négociations.
Les entretiens pharmaceutiques ont-ils également été à l’ordre du jour ?
Oui, et nous avons d’ailleurs travaillé sur une simplification du dispositif. Le système pourrait gagner en souplesse, en portant essentiellement sur les objectifs à atteindre et sur une rémunération des pharmaciens au fur et à mesure.
Nous avons également évoqué la prise en charge du sevrage tabagique, la vaccination, les tests d'angine ou encore le dépistage du cancer colorectal. Tout cela forme des pistes intéressantes pour une plus grande implication du pharmacien dans le suivi et l’accompagnement des patients, la prévention et le dépistage.
Le chantier de la rémunération a-t-il déjà été entamé ?
Non, la rémunération, à proprement parler, sera à l’ordre de la réunion du 9 mars, où nous allons entrer dans le vif du sujet, le volet économique. Pour moi, une chose est claire, si on ne met pas de l’argent sur la table sur l’acte de dispensation comme sur les nouvelles missions et un contrat de cinq ans sur l'enveloppe officine, ce sera difficile.
À propos de l’économie de l’officine, la notion de pharmacie fragile se retrouve aussi bien à l’ordre du jour de la convention que dans la troisième version du projet d’ordonnance sur le maillage officinal, discutée le 24 février…
Effectivement, la CNAM dédie un volet spécial de la convention à la situation des pharmacies fragilisées. Or le projet d’ordonnance dans la troisième version qui nous a été soumise, et qui ne nous satisfait toujours pas, stipule lui aussi, les zones fragiles comme étant susceptibles de bénéficier de la voie dérogatoire, au même titre que les aéroports.
Si nous ne nous opposons pas à la voie dérogatoire pour les aéroports internationaux, l'application aux zones fragiles ne nous convient pas. Il faut justement veiller à ne pas créer une fragilité supplémentaire pour ces officines existantes en créant de nouvelles pharmacies.
Quels sont les autres points sur lesquels vous serez particulièrement vigilants dans la quatrième version qui vous sera présentée dans quelques jours ?
Toujours au chapitre de la voie dérogatoire des transferts, la référence à la notion de surface commerciale ne nous satisfait pas. Si elle peut effectivement être applicable pour les maisons de santé, elle ne peut l’être pour des centres commerciaux, a fortiori dans des zones fragiles. Ce critère n’a rien à voir avec la santé.
Enfin, autre point sur lequel nous ne sommes pas d’accord, la possibilité, dans le cadre de regroupements d’officines, de poursuivre une activité pharmaceutique dans des locaux fermés à la suite du regroupement. Cette possibilité pourrait ouvrir la porte à des détournements de patientèle en dehors de sa zone d'activité.