Encore une année sans pilule d’or. La revue « Prescrire » n’a trouvé aucun nouveau médicament susceptible de remporter cette distinction, qui se fait toujours plus rare. Le médicament Kanuma (sébélipase alfa) aurait pu y prétendre. Indiqué chez les nourrissons atteints d’une forme symptomatique de déficit en lipase acide lysosomale, il « semble allonger d’au moins plusieurs années la durée de vie de certains nourrissons », qui se développent de manière satisfaisante. Mais le suivi se limite à une évaluation incluant 19 nourrissons pendant moins de trois ans pour la plupart. Outre que ce médicament peut entraîner des réactions d’hypersensibilité fréquentes et des réactions anaphylactiques, « Prescrire » pointe surtout le manque de transparence du Laboratoire Alexion qui ne lui a fourni aucun document. Malgré cet ensemble de reproches, le médicament mérite néanmoins un classement au tableau d’honneur.
Nalscue (naloxone), du Laboratoire Indivior, est aussi inscrit dans cette catégorie, la revue « Prescrire » récompensant la mise à disposition d’un antidote accessible à l’usager et son entourage, de manière facile et pratique par voie nasale. Il complimente de la même manière Prenoxad (naloxone) qui se présente en kit pour injection intramusculaire et accessible aussi à l’usager et son entourage, « la voie nasale n’étant pas toujours utilisable » mais regrette un conditionnement pouvant prêter à des piqûres accidentelles, voire à un surdosage. Ce qui classe le médicament d’Éthypharm parmi les « cités au palmarès ». Les deux autres médicaments mis en avant dans cette catégorie sont le spray cutané Fortacin (lidocaïne + prilocaïne) de Bouchara Recordati dans l’éjaculation précoce, et le Trisenox (trioxyde d’arsenic) de Teva Santé, indiqué en association avec la trétinoïne chez les patients atteints d'une leucémie aiguë promyélocytaire avec un risque faible ou intermédiaire de rechute.
Cartons rouges et jaunes
« Prescrire » n'attribue aucune palme de conditionnement mais « rapporte une série de défauts et de dangers illustrés par les 25 cartons rouges ou jaunes » sur les 220 spécialités examinées. La revue déplore en particulier que les gammes ombrelles ne soient toujours pas interdites et pointe une série de gels sous la marque Apaysil, de Merck Médication Familiale, n'ayant pourtant ni les mêmes principes actifs, ni les mêmes indications. Elle regrette des étiquetages valorisant les marques et les logos au détriment des informations « propices au bon usage et à la prévention des erreurs » et des médicaments fabriqués « sans prise en compte globale des modalités d’utilisation ». De même, la revue signale un manque de sécurisation face au risque d’intoxication des enfants et cite 15 spécialités ne présentant pas le bouchon sécurité de base.
Enfin, « Prescrire » note, dans son bilan 2018 des médicaments « un certain progrès apporté par 35 nouveautés sur 99 examinées », dont 13 notables. La revue juge ce bilan positif « en comparaison avec les dix années précédentes ».