L’ASSOCIATION française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA) a livré ses propositions pour favoriser le développement de l’automédication. Le premier levier serait de donner au patient, dès le plus jeune âge, une éducation à la santé qui serait intégrée aux programmes scolaires. Une idée « merveilleuse » selon Alain Baumelou, professeur de néphrologie à l’hôpital de La Pitié Salpêtrière, coauteur avec Alain Coulomb d’un rapport sur l’automédication en janvier 2007. « C’est un accès réaliste au patient, un moyen de faire passer des notions de santé. L’éducation santé c’est l’éducation de prévention des populations. » Une idée qui trouve aussi grâce aux yeux de Micheline Bernard-Harlaut, présidente du Centre technique régional de la consommation (CTRC), à condition d’intégrer les enseignants dans ce projet dès le départ, et de faire un état des lieux des enseignements existant en termes de santé.
Pour Déborah Wallet Wodka, professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie, l’éducation à la santé constitue une véritable urgence. Elle a mis en place une enquête annuelle pour évaluer le niveau de connaissance en santé sur un échantillon représentatif de la population française de 1 000 personnes. Chaque année, les résultats sont sans appel. « 60 % d’entre eux déclarent ne pas avoir suffisamment confiance en eux, ils ont conscience de ne pas avoir les connaissances de base. Je fais passer ce test tous les ans à mes étudiants, de niveau bac +5 physique ou chimie et je n’ai pas de meilleurs résultats. Il est évident que l’éducation à la santé doit se faire à l’école. » Les informations santé sont aujourd’hui nombreuses, venant de sources très diverses et trop souvent contradictoires. « C’est tout le problème, nous avons une surmédiatisation de la santé et une population qui n’a pas les connaissances suffisantespour comprendre. »
Les conditions d’une automédication satisfaisante.
L’idée est aussi accueillie très positivement par Gilles Bouvenot, président de la Commission de transparence de la Haute Autorité de santé. « La HAS porte beaucoup d’intérêt à l’éducation thérapeutique qui devrait aborder le problème de l’automédication dans les états pathologiques chroniques. Cela permettrait d’apprendre aux patients qu’une automédication mal raisonnée peut être dangereuse par des interactions avec les médicaments prescrits. »
L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de de santé (AFSSAPS) pour sa part, par la voix de Jean Gardette, responsable du département de l’évaluation thérapeutique des AMM, insiste sur la responsabilité de l’agence d’assurer la sécurité des patients quel que soit le statut du médicament qu’ils prennent. « Il faut quatre éléments pour une automédication satisfaisante : une définition claire des pathologies que le patient peut décrypter, des substances dont le niveau de sécurité n’entraîne pas de risque dans des conditions normales d’utilisation, des indications compréhensibles par tous et des conditionnements informatifs, avec des notices lisibles et compréhensibles. »