Fondée en 1893 sous l’annexion allemande, l’association a repris récemment le nom de la revue publiée autrefois par les pharmaciens d’officine et les étudiants, l’H2S ou « Hazweiess » (voir « le Quotidien » du 19 février 2018). La revue a disparu depuis longtemps mais a trouvé un digne successeur dans le journal actuel de l’association, « L’Héroïne », sous-titré « le journal stupéfiant ».
Pendant trois jours, les étudiants ont exposé leur patrimoine historique dans le hall de la faculté : anciennes publications, dessins et gravures, bien sûr, mais aussi tous les symboles de la vie étudiante, laquelle culminait lors des fêtes et des banquets annuels. Ces souvenirs rappellent que, quelle que soit l’époque, on ne s’ennuyait jamais à la faculté. Les banquets des années 1970 furent même immortalisés par des disques 33 tours reprenant les meilleures chansons parodiques composées par les étudiants d’alors, souvent à partir des tubes du moment. Quelques dignes enseignants furent les victimes plus ou moins consentantes de ces hymnes potards et paillards. La faculté a d’ailleurs parfois tenté d’assagir les ardeurs festives des étudiants… lesquelles reprenaient ensuite très vite de plus belle.
Plusieurs « grands anciens », enseignants ou officinaux, ont rappelé les meilleures anecdotes de leur propre vie d’étudiants, depuis les soirées d’antan et le très mouvementé mois de mai 1968 jusqu’au mémorable banquet du centenaire de 1993, qui s’acheva par une bataille de choucroute et une beuverie généralisée. Mais si les étudiants d’aujourd’hui ont gardé le sens de la fête, ils n’en oublient pas moins la collégialité. À l’issue des conférences, ils ont organisé une vente aux enchères d’objets souvenirs, de bouteilles de vin blanc « cuvée des 125 ans » et d’anciennes revues « H2S », dont les bénéfices, qui ont atteint quelques milliers d’euros, seront reversés aux étudiants boursiers de la faculté.
Un rôle clé
Au-delà des fêtes, l’H2S joue un rôle clé dans le fonctionnement quotidien de la faculté, non seulement en matière de services, dont la coopérative, la restauration et les ventes de cours, mais aussi dans le domaine de l’accueil et de l’intégration des nouveaux arrivants. La quasi-totalité des 950 étudiants en sont membres, et un bureau de 14 personnes en assure la gestion. Centre névralgique de l’Amicale, voire de toute la faculté, la « K’fet », chaleureusement décorée, favorise les rencontres et les échanges. De plus, l’H2S organise tous les ans la « semaine de rentrée » de la faculté, et convie tous les étudiants de deuxième année à un repas. « La faculté nous fait confiance pour toutes ces activités », explique Benjamin Richard, étudiant de 5e année en filière officinale, qui préside l’Amicale depuis mai dernier. Il se félicite du très bon climat qui règne avec le corps enseignant et l’administration, ce que confirme le Doyen Jean-Pierre Gies, pour qui l’Amicale est « l’âme de faculté ».
L’Amicale n’a pas vocation à représenter les étudiants au sein des instances de la faculté, mais plusieurs membres de son bureau y siègent en tant qu’élus. De plus, poursuit Benjamin Richard, « nous suivons l’actualité à travers l’Association nationale des étudiants en pharmacie (ANEPF), et nous parlons par exemple beaucoup en ce moment du service sanitaire, qui nous concerne directement ».
Même si le paysage professionnel n’est pas toujours réjouissant, il se déclare « optimiste pour l’avenir », car il voit « la profession évoluer pour répondre aux nouvelles attentes placées en elle ». Persuadé que « l’on aura toujours besoin de pharmaciens », il est conscient que « la délivrance ne suffit plus », mais que la profession saura accepter le changement. L’association participe d’ailleurs tous les deux mois, avec l’ANEPF, à des rencontres et des tables rondes sur des sujets comme les nouvelles missions. Ici, conclut-il, « nous croyons en l’avenir, et si ce n’était pas le cas, nous n’aurions pas choisi cette voie ».