Partage. C’est le mot-clé du CFU, qui a eu lieu au Palais des Congrès mi-novembre. Ce moment « nous permet, à nous urologues, d’échanger entre nous, mais aussi avec les professions avec lesquelles nous collaborons au quotidien », explique le président de cette 111e édition, le Dr Georges Kouri.
Une affirmation que l’organisateur de l’événement, l’AFU, étaie en mettant l’accent sur plusieurs temps forts du CFU. Le rapport du congrès, d’abord, qui porte sur les traitements ablatifs focaux. Ces méthodes non-chirurgicales sont utilisées pour détruire des tumeurs de petite taille au niveau du rein ou de la prostate. « C’est plus qu’une évolution, c’est une révolution et un challenge », indique le Pr Hervé Lang, du service d’urologie de Strasbourg, qui a co-écrit le rapport. L’apport des traitements ablatifs focaux mérite d’après ce spécialiste encore une évaluation approfondie (et c’est tout l’enjeu du rapport du CFU), mais une chose est sûre : ces techniques constituent un terrain de dialogue avec d’autres professionnels, et notamment avec les radiologues interventionnels, à la manœuvre pour une partie des techniques utilisées en ce qui concerne le rein. « C’est pourquoi il est important de constituer des binômes radiologue/urologue dans les centres qui utilisent ces techniques, explique Hervé Lang. Il ne faut surtout pas qu’on soit dans une guerre pour s’accaparer les petites tumeurs. »
Les pharmaciens sous les projecteurs
Autre sujet d’actualité qui a mis en avant la nécessité de la collaboration interdisciplinaire lors de ce CFU : le prolapsus. L’AFU a en effet rappelé au Palais des Congrès les recommandations de son Comité d’urologie et de périnéologie de la femme (CUROPF) en la matière. « C’est une pathologie pluridisciplinaire », rappelle le Pr Jean-Nicolas Cornu, du service d’urologie du CHU de Rouen.
En effet, trois organes pouvant être concernés par le prolapsus (l’utérus, le rectum et la vessie), et ce sont au moins trois spécialistes qui doivent dialoguer : l’urologue, le gynécologue, le gastro-entérologue… « sans parler de ce qui peut se passer en médecine générale », ajoute Jean-Nicolas Cornu. La discussion n’a d’ailleurs pas toujours été apaisée.
C’est pourquoi l’urologue en appelle à un « refroidissement du débat pour repartir sur des bases plus saines ». C’est d’après lui l’objet des recommandations du CUROPF. Mais l’AFU ne limite pas sa volonté de dialogue aux seules disciplines médicales. C’est ainsi qu’une session du CFU a été consacrée à la collaboration avec les pharmaciens. « Le chirurgien ne peut pas tout faire », explique le Dr Marc Géraud, urologue libéral à Compiègne qui a coordonné cette session. Et celui-ci d’utiliser la métaphore aéronautique : « Le pharmacien, qui vérifie les prescriptions et peut les modifier s’il estime qu’elles sont inutiles ou présentent un danger, joue le rôle du contrôleur aérien, discret mais efficace, face à l’urologue, qui joue celui du pilote. »
Cette année, ce sont les pharmaciens qui ont été invités à présenter leurs travaux aux urologues lors du CFU. Et Marc Géraud souhaite que l’année prochaine, ce soit l’inverse, et qu’une session spéciale à destination des pharmaciens soit organisée.