LE REIN, un organe précieux, de l’insuffisance rénale à la dialyse ou la greffe : pour sa 5e Journée nationale, qui s’est tenue le 23 juin à la Maison de la chimie à Paris, l’UTIP a opté pour un problème de santé publique lourd d’enjeux. Les participants ont ouvert les débats sur la difficulté du parcours de soins. Entre le médecin généraliste et le néphrologue, quel peut être l’accompagnement du pharmacien ? « Nous avons décidé de travailler autour de l’insuffisance rénale chronique qui a été l’un des six axes choisis par les agences régionales de santé (ARS), analyse Thierry Barthelmé, président de l’UTIP, en lançant les premiers échanges. À l’heure où la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) valorise le rôle du pharmacien, l’UTIP, qui fêtera ses 60 ans en 2012, souhaite plus que jamais favoriser la connaissance de cette pathologie et de ses traitements, en vue d’une meilleure prise en charge des patients. »
Le vieillissement de la population, la prévalence élevée de l’hypertension artérielle, des maladies vasculaires, de l’obésité, du tabagisme et du diabète favorisent la progression des maladies rénales dans les pays développés. En France, trois millions de personnes sont atteintes d’une pathologie rénale. Cette croissance augmente les risques d’accidents cardio-vasculaires, et peut conduire à la dialyse ou à la greffe.
L’accompagnement des patients.
Coordonnés par le Pr Sadek Béloucif, président du conseil d’orientation de l’agence de biomédecine, et par Nathalie Pédrassi, pharmacien, les débats se sont ouverts par le témoignage de David Thierry, officinal et président du Cercle des pharmaciens, concerné lui-même par la pathologie puisqu’il a été greffé en 2004. « L’insuffisance rénale chronique touche 50 000 patients en France et 35 000 sont encore traités par dialyse. Dans ce contexte, les pharmaciens, qui voient 4 millions de patients par jour, ont un grand rôle à jouer. » D’abord en exécutant les ordonnances, ils peuvent repérer les signaux d’alerte et les populations présentant des facteurs de risque : diabète, hypertension, obésité, maladies cardio-vasculaires… Et favoriser ensuite le dépistage des maladies rénales chroniques. « L’officinal peut également réagir très vite s’il se rend compte que le néphrologue, ou encore le cardiologue, n’a pas prescrit la bonne dose au patient, en lui passant un coup de fil pour rectifier le tir. »
Pour le Pr Michèle Kessler, néphrologue au CHU de Nancy, il s’agit de rendre le pharmacien acteur du parcours de soins : « Avec l’éducation thérapeutique, nous sommes entrés dans une nouvelle dimension relationnelle entre un sujet malade et des soignants, souligne-t-elle. Ainsi, l’officinal peut aider le patient à tenir un rôle actif dans la connaissance de sa maladie et de son traitement, et l’inciter à pratiquer l’auto-observation et l’autosurveillance, voire l’auto-adaptation de son traitement en fonction des circonstances de la vie. » Pour le Pr Kessler, les soignants doivent abandonner toute attitude directive ou paternaliste et rechercher un véritable partenariat avec le patient.
Les malades, justement, n’ont pas été oubliés pendant cette matinée qui a donné lieu à d’émouvants témoignages, notamment celui d’Yvanie Caillé, présidente de l’association de patients Renaloo, qu’elle a créée, d’abord sous forme de blog, en 2002. Site de témoignages, il est devenu ensuite une plate-forme d’informations et de partage d’expériences, explique la jeune femme, elle-même greffée, qui rappelle à quel point l’accompagnement des patients est nécessaire, notamment quand il s’agit d’une population vieillissante.