POUR COMPRENDRE la pathogénie de l’infection par le VHC, les chercheurs du laboratoire de l’UMR Inserm 1110 de Strasbourg se sont focalisés sur l’analyse moléculaire de l’interaction du VHC avec sa cellule cible, dans le cadre du projet « HEPSYS », Interaction virus-hôte et maladies hépatiques. Des approches innovantes ont été utilisées, tels la génomique fonctionnelle, la bio-informatique, ainsi que des modèles animaux. Ainsi, par criblage à haut débit d’une banque d’ARN interférents, l’équipe a identifié un réseau de kinases hépatiques, régulant l’entrée du virus en activant les éléments-clés du proces-sus d’entrée virale.
Les co-récepteurs.
Le rôle primordial de co-récepteurs a aussi été mis en évidence, comme par exemple le complexe CD81-claudin-1, avec l’intervention de l’EGFR.
« L’identification de facteurs cellulaires d’entrée virale du virus, c’est-à-dire de facteurs propres à l’hôte, constitue un nouveau concept, et une cible thérapeutique », commente le Pr Baumert pour « le Quotidien ». Le VHC utilise un facteur de l’hôte comme « clé qui ouvre la porte à son entrée dans la cellule ». Avec de nouveaux traitements en perspective, ces kinases hépatiques étant cruciales pour l’infection par le VHC et constituant de nouvelles cibles antivirales. Ainsi, l’erlotinib, un médicament anticancer, semble avoir une activité antivirale, par une action anti-claudin-1. Des études chez l’animal ont été réalisées. Une étude clinique est prévue pour débuter cette année à l’hôpital de Strasbourg.
Inhibiteurs d’entrée.
D’où « la notion du développement d’une nouvelle classe thérapeutique contre le VHC, sous la forme des inhibiteurs d’entrée dans l’infection par le VHC. » Les chercheurs ont aussi démontré que l’entrée virale et l’échappement aux anticorps neutralisants jouent un rôle déterminant dans l’infection du greffon lors de la transplantation hépatique in vivo. Un moyen d’aborder la prévention de l’infection du greffon hépatique, à l’étude sur des modèles animaux. Le point fort de l’équipe est l’interaction constante entre la recherche fondamentale, translationnelle et clinique. Ce réseau dynamique a permis la transposition immédiate des résultats de la recherche fondamentale vers les applications cliniques.
Le Pr Baumert a publié plus de 150 articles incluant plus de 80 publications originales. Le laboratoire strasbourgeois est, par ailleurs, parmi les lauréats du projet LabEx (Laboratoire d’Excellence en 2011), qui soutient les projets scientifiques phares portés par des équipes de recherche du meilleur niveau international.
Cell Host & Microbes, 2013 ; Fofana et al. Gastroenterology 2012.