Après un plan de rigueur drastique sur le médicament et la pharmacie, qui a largement contribué au retour à l’équilibre, puis aux excédents, de l’assurance maladie à partir de 2012, les pharmaciens ont retrouvé depuis trois ans une certaine croissance économique, avec des revalorisations, certes modérées, de leur honoraire de délivrance et de leurs forfaits de garde de nuit et de dimanche. Le ministre de la Santé, Hermann Grohe, a annoncé lors du congrès deux autres revalorisations, concernant les honoraires pour les préparations magistrales et pour les délivrances de produits stupéfiants impliquant un contrôle particulier. Ces mesures, a-t-il ajouté, représenteront une dépense supplémentaire de 100 millions par an, mais participent à la politique de qualité que le gouvernement entend promouvoir avec tous les professionnels de santé.
Cela étant, tout n’est pas rose pour les pharmaciens dans le royaume de Mme Merkel : ils se sont notamment mobilisés pendant plusieurs années pour obtenir la création de « plans médicaments » destinés à éviter les interactions médicamenteuses chez tous les patients consommant plus de 3 médicaments en même temps. Ces plans de suivi sont officiellement entrés en vigueur le 1er octobre dernier… mais leur gestion est confiée aux médecins, les pharmaciens n’ayant qu’un rôle complémentaire et facultatif dans ce domaine, et non rémunéré. Une pilule difficile à avaler pour l’ABDA, l’association faîtière des pharmaciens qui, dans ce domaine comme dans d’autres, demande au gouvernement d’accorder un plus de considération aux pharmaciens. Friedemann Schmidt, le président de l’ABDA a rappelé au passage à Hermann Grohe « combien nous avons rempli nos missions avec professionnalisme lors de la crise des réfugiés ».
Ruptures de stock
Autre sujet qui fâche, les ruptures de stock de plus en plus fréquentes, surtout pour les médicaments soumis à appels d’offres par les caisses de maladie, et que les pharmaciens doivent délivrer prioritairement. S’ils ne peuvent le faire, ils risquent d’être sanctionnés. Ils réclament donc un assouplissement des règles permettant aux caisses d’infliger des pénalités parfois très lourdes aux pharmaciens si les délivrances ne répondent pas exactement aux critères et lignes directrices définis en fonction de chaque pathologie.
Fonctionnant comme un « parlement des pharmaciens », le congrès annuel réunit 300 pharmaciens élus par les Ordres et les syndicats des 17 régions allemandes. Ceux-ci élisent ensuite leurs représentants nationaux et définissent ensemble les grandes orientations de la profession, les négociations d’ordre économique étant par contre du ressort des syndicats. Au-delà des thèmes d’actualité immédiate, le congrès s’est penché cette année sur la réorganisation des études pharmaceutiques. Il a par ailleurs adopté, avant de se séparer, un document appelant les autorités politiques nationales et européennes à « mieux défendre les professions libérales face aux seuls intérêts économiques ».