LES QUATRE PRINCIPALES armes contre le cancer du sein sont représentées par la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l’hormonothérapie, rappelle le Dr Anne-Sophie Hamy (Hôpital Saint-Louis, Paris). La stratégie thérapeutique dépend de l’histologie tumorale et du stade de développement. Alors que le traitement locorégional (chirurgie, radiothérapie) a pour but d’éviter la récidive locorégionale, le traitement général (chimiothérapie, thérapies ciblées, hormonothérapie) a surtout pour objectif de diminuer le risque de récidive locale et controlatérale et d’éviter l’évolution métastatique à distance.
Traitement local.
Les techniques de traitement local ne s’appliquent en général qu’aux tumeurs de moins de 3 cm, limite pouvant être parfois étendue à 5 cm sous réserve de l’administration d’une chimiothérapie néoadjuvante efficace. « Le traitement conservateur, préservant donc le sein, impose de bien sélectionner les cas », souligne le Dr Hamy, mettant en garde contre le risque de la tendance actuelle à une peut-être trop rapide désescalade thérapeutique de ce point de vue.
Les traitements adjuvants, dont l’objectif est de réduire le risque de récidive sont souvent nécessaires. En effet, avant leur emploi, on observait 30 % de métastases à 10 ans en l’absence d’envahissement ganglionnaire initial, 65 % au stade N+ et seulement 5 % de survie en cas de métastases.
Les thérapeutiques adjuvantes, complémentaires de la chirurgie et visant à diminuer le risque de récidive, sont représentées par la chimiothérapie (melphalan, anthracyclines, 5-fluoro-uracile, taxanes…), introduites à la fin des années soixante-dix (protocole CMF : 20 % de gain de survie à 20 ans), qui vise à neutraliser les cellules tumorales isolées, l’hormonothérapie et plus récemment les thérapies ciblées (trastuzumab).
Phase métastatique.
Au stade métastatique, l’objectif est de diminuer les symptômes de la maladie et d’allonger la durée de survie. Cela en tenant compte de la qualité de vie des patientes. Les ressources pharmacologiques actuelles permettent de réduire l’incidence et l’intensité des effets indésirables, certains étant très spécifiques, des divers protocoles mis en œuvre : nausées/vomissements, leuconeutropénie, toxicité cardiaque, mucite oropharyngée, asthénie, diarrhée, constipation, éruptions cutanées, syndrome mains pieds…
Les thérapies moléculaires ciblées sont également utilisables au stade métastatique, dont certaines sont disponibles en ville. Il s’agit soit d’anticorps monoclonaux, soit d’inhibiteurs de tyrosine-kinase, comme le lapatinib - Tyverb, utilisé notamment en association avec la capécitabine-Xéloda (un précurseur du 5-fluoro-uracile) ou avec le létrozole - Fémara (un anti-aromatase). L’emploi optimal de ces médicaments exige le respect scrupuleux de schémas thérapeutiques très précis, ainsi qu’une prévention et une prise en charge adaptées de leurs effets indésirables. Des conditions d’efficacité dans lesquelles l’équipe officinale peut et doit jouer un grand rôle.