LES PHARMACIENS ont évité le pire. Le sort réservé à l’officine par Emmanuel Macron aurait en effet pu être bien différent. Quelques heures seulement avant la présentation des grandes lignes de son projet de loi pour l’activité, le ministre de l’Économie semblait toujours vouloir toucher aux piliers de l’officine. Ce qui lui a fait changer d’avis ? Il n’était pas sûr d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale pour faire adopter les mesures concernant la santé de son projet de loi, comme l’explique en substance la députée de Haute-Garonne, Catherine Lemorton et présidente de la commission des Affaires sociales du palais Bourbon. Certains élus du groupe des députés socialistes, notamment, auraient émis des doutes. « Ce qui s’est passé dans la rue le 30 septembre a été un moment marquant et remarqué », tient pour sa part à rappeler Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
En fait, des évolutions sont toujours au programme, mais elles seront intégrées au projet de loi de santé défendu par Marisol Touraine (voir ci-dessus). Toutefois, même si, comme l’indique Philippe Gaertner, les mesures proposées vont « dans le bon sens », pas question pour autant de baisser la garde. « Il faudra rester vigilants et mobilisés jusqu’au dernier amendement du parcours parlementaire », insiste le président de la FSPF. « Nous n’avons aucune assurance, aucun texte, soyons prudents », renchérit le Dr Michel Chassang, président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL). Catherine Lemorton ne se dit pas plus rassurée. « Aujourd’hui, on est sûr de rien. Je ne suis pas confiante, je n’ai aucune visibilité », indique la députée de Haute-Garonne, même si elle pense que les médicaments OTC resteront bien à l’officine, le pharmacien étant une barrière contre la surconsommation.
De plus, personne n’aurait vraiment à y gagner. Selon l’économiste de la santé, Jean-Jacques Zambrowski, le passage des médicaments de prescription médicale facultative en grande surface aurait simplement permis de dégager 5 euros par Français et par an. « C’est ça redonner du pouvoir d’achat ? » lance-t-il. Toutefois, une bataille doit encore être gagnée, celle des substituts nicotiniques. Selon Catherine Lemorton, Michel-Edouard Leclerc s’activerait en coulisse pour obtenir l’autorisation de vendre ces produits.