Heureux. Sept pharmaciens sur dix sont heureux d’exercer leur métier. Ce degré de satisfaction grimpe même à 86 % pour les jeunes diplômés. Mais de là à dire qu’ils sont comblés, il en faudrait davantage. Car cet enthousiasme n’occulte ni les déceptions face à la conjoncture, ni les inquiétudes pour à l’avenir. Près de 40 % envisagent même que l’exercice 2017 sera pire que le précédent.
Cependant, comme le révèle l’étude Avenir Pharmacie présentée à l'occasion du salon PharmagoraPlus*, les pharmaciens ont plaisir à exercer un métier qui jouit de la reconnaissance et de la confiance des patients. Huit patients sur dix font « tout à fait confiance » et deux sur dix « plutôt confiance » à leur potard pour les aider à bien prendre leur traitement.
Deux patients chroniques sur trois jugent même utile d’aller plus loin. Ainsi, 67 % seraient intéressés par un entretien pour préparer leur retour après une hospitalisation et deux patients chroniques sur trois souhaiteraient bénéficier d'un entretien de 15 minutes avec leur pharmacien pour améliorer leur observance. Observance que 38 % d’entre eux pensent d’ailleurs pouvoir optimiser grâce à un pilulier préparé à l'officine. Parmi les patients sous traitement depuis au moins trois mois, 20 % se déclarent même prêts à payer jusqu’à 40 euros par mois pour ce service.
Une officine tous services
Reconnu pour sa disponibilité et ses compétences, le pharmacien est particulièrement sollicité dans le registre des services. Et les attentes des patients dépassent même l’imagination. L’enquête Avenir Pharmacie a recueilli des données inédites en la matière : près de la moitié des patients déléguerait ainsi volontiers à son pharmacien la prise de rendez-vous avec un médecin, ou un autre professionnel de santé (infirmier, kiné…).
De manière générale, le patient souhaite transférer à son pharmacien un certain nombre de tâches concernant sa santé : 62 % souhaiteraient pouvoir envoyer leurs ordonnances par Internet, 43 % se faire livrer à domicile - y compris pour un tarif de 5 euros - et près de quatre patients sur dix s’imaginent bien confier à leur pharmacien la gestion des tâches administratives de santé, là aussi contre rétribution. Plus insolite encore, 39 % des patients seraient favorables à ce que leur pharmacien leur vende une assurance complémentaire santé.
Une profession qui se réinvente
Tout n’est pas gagné cependant. Reste à convertir ce capital confiance en actes et en missions susceptibles de garantir la pérennité de l’écosystème qu’est l’officine. Car les vœux des patients sont également des exigences. Près de 80 % d’entre eux se déclarent favorables à un prix fixe pour les médicaments non remboursés. De même, si 77 % affirment ne pas être intéressés par l’achat de médicaments sans ordonnances sur Internet, cette possibilité séduit 40 % des jeunes de 18 à 34 ans.
La volatilité de la clientèle est d’ailleurs une menace sous-jacente. Particulièrement en cas de maladie grave (cancer, sclérose en plaques, Alzheimer…). Car s’ils font entièrement confiance (94 %) à leur pharmacien, 53 % n'hésiteront pas à changer de d'officine pour bénéficier de conseils plus spécialisés.
Attendus sur leurs champs de compétence, les pharmaciens se doivent de réinventer leur pratique professionnelle. Une nécessité à laquelle les exhorte Xavier Pavie, professeur à l’Essec Business School et parrain académique de l’étude Avenir Pharmacie. « C’est autour des services que se construit le futur du pharmacien qui sera, à l’évidence, l’acteur de santé prioritaire », affirme-t-il.
* Enquête réalisée entre le 20 janvier et le 17 février 2017 par OpinionWay et Satispharma, auprès de 4 043 patients, 521 pharmaciens et 197 équipes officinales.