Les traitements des cancers sont de plus en plus nombreux et ont pour la plupart des effets secondaires potentiels sur le système cardio-vasculaire : insuffisance cardiaque mais aussi troubles du rythme, thrombose et hypertension artérielle. « Il est établi que l’insuffisance cardiaque est un facteur de moins bonne survie chez les patients traités pour un cancer, mais également que les insuffisances cardiaques induites par les chimiothérapies sont plus difficiles à traiter et de moins bon pronostic », a rappelé le Pr Alain Cohen-Solal.
Une des grandes questions porte sur les modalités de détection de cette insuffisance cardiaque, indispensable pour proposer un traitement précoce.
Quand faut-il faire une échographie cardiaque, quels critères utiliser ? Une étude récente menée sur 1 820 jeunes adultes (31 ans en moyenne) qui avaient été traités pour un cancer a montré qu’une altération de la fonction d’éjection ventriculaire était retrouvée dans 10 % des cas. Mais en prenant en compte des critères plus subtils comme le strain global, des altérations étaient rapportées dans 40 % des cas.
L’intérêt… et les incertitudes de la troponine
Il est toutefois impossible matériellement de faire une échographie à tous les patients. Ceci a conduit à évaluer la place de différents marqueurs, avec un intérêt particulier pour la troponine, qui augmente rapidement dès le premier cycle de traitement en cas de modification de la fonction cardiaque. Mais là encore, même si de nombreux algorithmes ont été proposés, les modalités d’utilisation en pratique de ce marqueur restent à préciser : quand faire un premier dosage, quand le renouveler ?
« Il s’agit d’une question cruciale car parfois une chimiothérapie est interrompue en raison d’effets cardiaques, ce qui peut entraîner une perte de chance pour le patient », a insisté le Pr Cohen-Solal, avant de souligner que cardiologues et oncologues doivent travailler de concert pour définir les stratégies les mieux adaptées.