Face au faible taux de médecins inscrits en première semaine auprès d’une officine référente pour recevoir un flacon de dix doses de vaccin AstraZeneca, les pharmaciens oscillent entre exaspération et compréhension pour des praticiens surchargés et pris de court par un dispositif mis en place à la hâte.
Sur la page Facebook du « Quotidien du pharmacien », Julie manifeste son soutien à ces professionnels de santé dont l’exercice n’est que « contraintes ». Dénonçant une organisation « minable », Agathe abonde « il est évident que les délais sont trop brefs. (...) Pharmaciens et médecins généralistes ne sont pas des bureaucrates. Nos journées ne se résument pas à attendre devant le fax ou la boîte mail, la plupart des généralistes n'exercent pas le samedi et le dimanche (et c'est bien normal vu les semaines à 80 heures que se coltinent certains d'entre eux) ». Kim prédit même « que la plupart des médecins généralistes ne vaccineront pas car la logistique est trop compliquée ». Sans compter, ajoute un autre pharmacien, « qu’avec la pénurie de médecins à laquelle nous faisons face, ils ne sont absolument pas en capacité de pouvoir gérer la vaccination correctement ».
Une « guerre honteuse »
D’autres internautes mettent cependant cet attentisme du corps médical sur le compte des postures syndicales, le SML ayant jugé « inacceptable » que les pharmaciens vaccinent à l’officine. Une guerre entre médecins et pharmaciens que Jocelyne juge honteuse « en temps de pandémie ». Et alors que sur le site « Le Quotidien du pharmacien », certains confrères déclarent avoir informé eux-mêmes les médecins - « sur ma commune il y a en 3 qui, sans moi, ne se seraient pas inscrits » -, d’autres officinaux, moins compréhensifs, refusent de se plier à ce jeu. « On n’est pas leur secrétaire… Pas d’appel, pas de commandes. En attendant, que les syndicats de médecins se trouvent dans une voie sans issue… »
Et que les pharmaciens arrivent à la rescousse ? Car la profession voit dans ce manque d’enthousiasme du corps médical, la preuve que la campagne vaccinale passera par l’officine. « Grâce à notre maillage, notre logistique, notre proximité, on sait rationaliser, organiser et vacciner », affirme Alex. Faisant référence aux premiers jours de la campagne de vaccination contre la grippe, il rappelle que le réseau officinal peut vacciner entre 500 000 et 1 million de patients par jour.