Dès le début du confinement, les pédiatres se sont inquiétés des répercussions de l’arrêt des programmes de vaccination. Même si les autorités de santé ont vite réagi, force est de constater que les délivrances de vaccins ROR ont chuté de 50 à 70 % depuis mars 2020 (à la date du 25 avril 2021). Sur la même période, les vaccinations penta- et hexavalentes destinées aux nourrissons ont subi une baisse de 23 %. Les vaccinations anti-papillomavirus ont aussi fortement diminué.
« Avec le confinement et les gestes barrières qui ont limité la circulation des virus et des bactéries, les maladies infectieuses hors Covid (VRS, varicelle, rougeole, gastro-entérites, syndrome pied-main, otites, infections invasives à pneumocoque, coqueluche…) ont également diminué. Or ces infections contribuent au développement immunitaire, explique le Pr Robert Cohen, pédiatre infectiologue au CHI de Créteil. Les conséquences à moyen et long terme de cette « dette immunitaire » sont prévisibles. Si les enfants ne contractent pas ces maladies quand ils sont petits, ils les contracteront à un autre moment de leur vie. Pour certaines maladies (VRS, pneumocoque), les formes seront moins graves à un âge plus avancé mais, pour d’autres comme la varicelle et les infections à rotavirus, elles seront plus graves. »
La coqueluche préoccupe
Les vaccins contribuant, eux aussi, au développement de l’immunité, les Français risquent de « payer cette dette immunitaire » avec l’assouplissement des gestes barrières. D’autant plus qu’avant l’épidémie, les couvertures vaccinales n‘étaient déjà pas optimales, notamment contre la rougeole et le méningocoque chez les nourrissons ; les rappels DTCaP et HPV chez les enfants et les ados étaient également insuffisants. Le retard dans le suivi des rendez-vous du calendrier vaccinal représente ainsi un risque de réapparition de certaines maladies infectieuses touchant toutes les catégories de la population, à tous les âges.
Les statistiques de Santé publique France concernant la varicelle, par exemple, indiquent une chute de 50 % du nombre de cas chez les enfants. Les autres pays ont fait le même constat. Il faut donc s’attendre à des épidémies de varicelle après la crise sanitaire, avec une augmentation de l’âge moyen de survenue.
Pour la coqueluche, due à la bactérie Bordetella pertussis, la situation se révèle préoccupante car la maladie est très contagieuse : en moyenne, 1 personne atteinte de coqueluche en contamine 15, c’est bien plus que le Covid-19 ! Et elle peut être très dangereuse chez les bébés, les femmes enceintes, les personnes âgées. Les bébés sont souvent contaminés par un adulte. Or, peu de parents le savent, cette maladie n’est pas immunisante : il est possible de l’attraper plusieurs fois. La durée de protection de la vaccination - obligatoire à 2, 4 et 11 mois depuis le 1er janvier 2018 - étant estimée entre 5 et 10 ans, les rappels recommandés dans le calendrier vaccinal sont essentiels. La stratégie du cocooning, qui consiste à vacciner les adultes proches susceptibles d’être en contact avec le nouveau-né pendant ses 6 premiers mois de vie, est très efficace. Un message à faire passer et répéter…
D'après une conférence de presse du Laboratoire Sanofi.