Effectif depuis le 1er octobre dernier, le regroupement de deux pharmacies angoumoisines est l’exemple réussit d’une stratégie constatée à plusieurs reprises dans les officines charentaises. Sophie Maillard (pharmacie du Vieil Angoulême) et Sylvain Quillet (pharmacie de l’Hôtel de Ville) se sont unis pour le meilleur dans les locaux du second, la première fermant définitivement son officine.
« Le motif principal de cette opération est économique, reconnaît Sophie Maillard, tout en coïncidant avec le départ à la retraite de mon ancienne associée. Mon officine réalisait 900 000 € de CA annuel. Celle de M. Quillet affiche 1,3 million d’euros. Nous sommes 5 personnes dans la nouvelle unité commune, avec pour objectif de pérenniser l’activité tout en la développant. Mes anciens patients nous ont suivis, et nous avons pu ramener notre stock. Nous avons également pour ambition de proposer des spécialités, comme l’oncologie, les aides sous chimio, etc. Bref d’agir sur notre cœur de métier en améliorant le service aux personnes. »
La nouvelle pharmacie pourrait un jour s’agrandir en cas de besoin, mais il est prématuré d’en parler. Le regroupement aura permis de rassembler la clientèle des deux officines, et il est bien entendu trop tôt pour avancer des chiffres. L’opération n’aura pas bouleversé le climat concurrentiel alentours, ni la géographie officinale angoumoisine, la pharmacie de l’Hôtel de Ville étant à cent mètres de celle du Vieil Angoulême.
Un monde en évolution
De fait, depuis vingt ans, pas moins de 16 officines ont baissé leur rideau dans la capitale charentaise, dont 10 pour cause de fusion. Une restructuration générale motivée par une situation économique difficile, dont la réalité n’aura pas échappé au responsable du syndicat départemental des pharmaciens.
« Les raisons de ces changements sont multiples, analyse Jean-Philippe Brégère, président de l’USPO Nouvelle Aquitaine, lui-même installé à Angoulême. Il y a eu deux ou trois faillites, des opérations immobilières, des unions par intérêt, etc. Il y a également l’abandon volontaire de licence lorsque l’on rachète une autre pharmacie. Sur le département, la situation est similaire dans les petites et moyennes agglomérations, avec surtout des fusions ou regroupements, tous motivés par la rentabilité, voire la survie. »
Pour autant, la pharmacie en Charente est-elle en péril ? D’après les chiffres du syndicat, le nombre d’officines a chuté sur ces 25 dernières années, passant de 156 en 1996 à 123 en 2021, avec en record une année noire en 2017 où, pour la seule ville d’Angoulême, 7 pharmacies baissaient leur rideau. La géographie officinale en a été transformée, avec, dans les grandes et moyennes agglomérations (Confolens, Cognac, Jarnac, Barbezieux) des regroupements issus des besoins, de la réalité économique et des variations des titulaires.
Face à une population restée stable depuis les années 1990 (340 240 habitants en 2019), le secteur officinal n’est cependant pas menacé de désertification. On ne relève pas non plus de problèmes d’approvisionnement pour les officines, et si la disparition de quelques-unes – notamment en secteur rural – reste préoccupante, les fusions et autres associations ont été bénéfiques. Jean-Philippe Brégère le rappelle : les pharmacies en question trouvent une nouvelle force économique dans leur union, renforçant leur efficacité au service de la population. Notons également un autre chiffre positif : l’USPO 16 recense 80 % de taux de syndicalisation sur son territoire.