Le Conseil d'État a rejeté le pourvoi de l'association E3M qui réclamait un moratoire sur la campagne nationale de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV).
Le collectif E3M, qui accuse les vaccins anti-HPV de provoquer une maladie rare, la myofasciite à macrophages, vient d’essuyer un premier échec. Le Conseil d'État vient de rejeter le pourvoi qu’il avait formé. Cette association avait en effet saisi la justice en juillet pour demander un moratoire sur la campagne de vaccination contre l’HPV qui a débuté en septembre pour les élèves de 5e, filles et garçons.
Dans son arrêt daté du 9 février, le Conseil d'État motive sa décision en rappelant que plus des deux tiers des femmes et des hommes sont contaminés au cours de leur vie par un papillomavirus. Si ces virus sont le plus souvent bénins, ils peuvent cependant provoquer des cancers : chaque année en France, ils sont responsables de plus de 6 000 nouveaux cas de cancers, le plus souvent du col de l'utérus, de la vulve ou du vagin, mais aussi des cancers ORL, de l'anus ou du pénis.
Le Conseil d'État fonde par ailleurs sa décision sur le « bon profil de sécurité » du vaccin utilisé dans cette campagne, le Gardasil 9, présent sur le marché depuis quinze ans. Ses effets indésirables sont surveillés de manière renforcée depuis le début de la campagne par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), en lien avec les centres régionaux de pharmacovigilance.
Depuis le 14 septembre 2023, l'ANSM a relevé 58 cas d'évènements indésirables, dont 36 liés à une vaccination effectuée dans le cadre de la campagne, sur un peu plus de 92 000 élèves vaccinés dans les collèges à fin 2023. Parmi ces événements indésirables figurent huit cas qualifiés de « graves », « presque en totalité des malaises ». Après le décès d'un collégien victime d'une chute après un malaise post-vaccinal, les autorités ont recommandé d'allonger ou d'asseoir au sol les élèves après la vaccination.
Seuls 10 % des élèves de 5e ont reçu une première dose de vaccin contre l’HPV, selon les premiers chiffres du ministère de la Santé. Afin d’étendre la couverture vaccinale de la population et au regard du retard observé en France, l'Académie de médecine, suivie par une cinquantaine de sociétés savantes, a proposé en janvier d'encourager cette vaccination aux personnes jusqu'à 26 ans, comme dans d'autres pays, afin de « permettre d'éliminer plus certainement et rapidement les cancers et les maladies liées ».
Dans un communiqué, le collectif E3M, qui mène une campagne contre les adjuvants aluminiques dans les vaccins, écrit « se réserver la possibilité de poursuivre l'action sur le fond auprès du tribunal administratif de Paris ».
Avec AFP