Le Quotidien du pharmacien.- Quel constat vous inspirent les résultats de l’enquête menée par « Le Quotidien du pharmacien » ?
Jacques Chevallet.- Tout d’abord, il faut rappeler que les pharmacies concentrent 50 % des ventes de compléments alimentaires sur le marché français. Elles représentent un réseau de distribution essentiel. L’enquête montre que le pharmacien s’est approprié ce produit de santé et l’inscrit régulièrement dans son conseil, que ce soit en complément d’une prescription ou en prévention. Pour un produit qui n’entre pas dans le monopole, c’est très encourageant de constater que le conseil du pharmacien reste dominant et extrêmement qualitatif.
Des points méritent néanmoins d'être améliorés. Lesquels ?
Cette enquête nous permet effectivement d’avoir une vision plus claire sur la relation qu’entretient le pharmacien avec les compléments alimentaires, et indique un manque et un besoin d’information sur divers points, notamment la surveillance post-commercialisation, l’efficacité ou encore la qualité. Concernant la fabrication par exemple, les laboratoires doivent répondre à des critères de qualité très sélectifs, proche du niveau des médicaments. Les sites de production sont d’ailleurs contrôlés régulièrement, par la DGCCRF. Concernant la sécurité, la France s’est dotée d’un dispositif de nutrivigilance auquel les laboratoires contribuent activement.
Quels sont les engagements pris par le Synadiet pour soutenir l’ancrage du complément alimentaire en pharmacie ?
Au Synadiet, nous souhaitons être moteur pour garantir la qualité, la sécurité et l’efficacité des compléments alimentaires. Cela se traduit par une démarche proactive vers les sociétés savantes et les institutions telles que l’Ordre, parfois infructueuse, mais avec la volonté d'affirmer la place des compléments alimentaires dans la stratégie thérapeutique. Les sociétés savantes sont particulièrement attentives à notre proposition à partir du moment où cela bénéficie aux patients. Ce rapprochement doit permettre de développer une approche plus intégrative des compléments alimentaires, en les mentionnant dans les recommandations si c’est justifié scientifiquement. Les pharmaciens le soulignent d’ailleurs dans l’enquête : ils veulent pouvoir s’appuyer sur des référentiels. L’autre proposition que nous soumettons est de revoir le mode de validation des allégations. Il serait pertinent d’évoluer vers un système d’allégations graduel, par niveau de preuves cliniques, plutôt que des allégations génériques par catégorie de produits. Donner plus de souplesse aux allégations et sortir d’un schéma trop strict et fermé comme le pratique l'EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) inciterait à investir dans des programmes de recherche. Enfin, nous souhaitons promouvoir le développement responsable des compléments alimentaires, en valorisant l’ensemble de cette filière. Nous travaillons sur un livre blanc pour aider nos adhérents dans cette démarche moderne et pérenne.