Nous avons failli être séparés durablement par une panne Internet de mon ordinateur. Tout le monde sait que ces choses arrivent, mais j’ai tendance à croire qu’elles n’arrivent qu’à moi. Je me suis donc trouvé privé de tout contact avec vous. Je sais que vous vous seriez passés de ma présence sans trop en souffrir, mais je déteste que les objets me résistent. Or ma nullité en bricolage fait que je m’acharne à résoudre des problèmes pour moi insolubles. Parfois, j’envie les as du web qui surmontent les pires difficultés, mais il me vient alors une pensée scélérate : ils savent envoyer un texte, mais y mettront-ils un contenu ? Je me souviens d’une conversation avec un spécialiste. « Je sais tout faire, sauf écrire », disait-il. Et il me regardait avec la jalousie même qu’il m’inspirait. Petit triomphe misérable, mais là, sans Internet, je ne risquais pas de faire le fier-à-bras. Il y a des week ends post-Covid où vous êtres isolé de toute façon, livré à vous-même, abandonné par vos meilleurs amis, sans ordinateur, sans téléphone. Il ne reste plus que votre portable pour appeler au secours des amis pleins de commisération mais impuissants. Le progrès, c’est fabuleux. Quand ça marche.