L’année 2019 sera-t-elle le millésime de l’interpro ? Jamais en tout cas les professionnels de santé n’ont eu autant d’instruments pour coordonner leur exercice. Car après les maisons de santé pluridisciplinaires, les pôles de santé et les équipes de soins pluridisciplinaires, deux autres cadres d’interprofessionnalité émergent aujourd’hui pour donner une nouvelle envergure à la coordination des soins sur les territoires. Il s’agit des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et de la télémédecine. Deux modes d’interprofessionnalité virtuelle mais qui n'en sont pas moins ancrés dans le territoire.
En ce qui concerne les CPTS, le dessein du Président de la République est d’en voir naître 2 000 d'ici à 2022. Depuis fin janvier, les syndicats des professionnels de santé et l’assurance-maladie se retrouvent régulièrement à la table des négociations. Ce bras de fer devrait déboucher au printemps sur un accord conventionnel interprofessionnel (ACI) portant sur les missions et le financement des CPTS.
Pour les pharmaciens, la gageure est double. Ils doivent faire aboutir ces négociations dans les meilleures conditions. Mais la profession doit également veiller à prendre sa place, au sein de cette nouvelle configuration de l’exercice coordonné. Ce rôle est d’ailleurs identifié par Agnès Buzyn, convaincue de la capacité des pharmaciens à s’intégrer en tant que professionnels de santé. La ministre de la Santé en veut pour preuve la généralisation de la vaccination antigrippale.
Résistances
Cette dernière a pourtant suscité la grogne dans les rangs des infirmiers libéraux. Une acrimonie qui montre à quel point l’interprofessionnalité peut rester un vœu pieu si elle n’est pas relayée par des professionnels déterminés sur le terrain. Avec la dispensation protocolisée – ou prescription pharmaceutique — réapparue au détour de la loi Santé, c’est au tour des médecins de s’insurger contre ce qui ne serait qu’une autre forme d’interprofessionalité. Car les syndicats de médecins omettent de considérer que la dispensation pharmaceutique, telle qu’elle est envisagée, serait réalisée en exercice coordonné, en maisons de santé pluriprofessionnelles, en centres de santé ou au sein de CPTS. À l’inverse des syndicats médicaux, la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) l’a bien compris. Et se déclare favorable aux « évolutions permettant les coopérations entre professionnels de l’équipe, à partir du moment où elles sont coordonnées, négociées et encadrées par des protocoles. »
Sera-t-elle entendue ? Rien n’est moins sûr tant il semble que le lot de tout nouveau modèle d’interprofessionnalité est d’être confronté aux résistances corporatistes. À l’exception toutefois de la télémédecine qui semble jusqu’à présent y échapper. Il est vrai que quatre mois après la signature de l’avenant N° 15 entre les syndicats de pharmaciens et l’assurance-maladie, cette pratique est encore marginale.
Il est urgent de convaincre les pharmaciens de proposer ce service en lien avec des médecins de proximité, y compris avec l’hôpital. Car cette nouvelle forme d’interprofessionnalité ne fera que confirmer l’officine comme espace de santé, et son titulaire comme professionnel de santé de premier recours. Restera alors à mettre en œuvre un autre outil de coordination professionnelle, l’ordonnance électronique.
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