L’approche globale et personnalisée des soins de santé, qui s’appuie sur des ressources et compétences multiples, est particulièrement développée en oncologie, avec les soins de support, et dans les services de soins palliatifs. Elle bénéficie d’un certain recul et a pu démontrer son intérêt. Une enquête réalisée par l’institut Curie révèle que les approches complémentaires sont jugées importantes par 63 % des Français (1) et elles concourent également à une meilleure efficacité de la prise en charge selon Unicancer qui déclare : « En plus des bénéfices apportés aux patients, les soins de support contribuent également à l’efficacité économique des établissements de santé en réduisant le recours à l’hospitalisation. »
En dehors de ces spécialités plus enclines à développer une dimension holistique du soin, encore peu de professionnels de santé ont intégré cette approche dans leur pratique qui pourrait pourtant sans doute intéresser les patients atteints de pathologies chroniques, notamment. De ce fait, les patients recourent le plus souvent seuls aux médecines complémentaires, sans que les professionnels de santé n’en soient informés.
Des professionnels de santé peu sollicités
La barrière entre médecines complémentaires et médecines conventionnelles n’existe pas pour les patients qui désirent avant tout améliorer ou maintenir leur état de santé. Mais, parce qu’ils pensent que ce domaine n’entre pas dans leur champ d’action, par manque de compétence ou de temps, ou parce qu’ils ne leur accordent pas de crédit, les professionnels de santé ont tendance à ne pas considérer ces options thérapeutiques et leur usage qui ne cesse pourtant de croître. Résultat : 56 % des patients qui se tournent vers les médecines complémentaires le font sur des conseils d’amis, 29 % sur ceux des membres de leur famille ou suite à des informations diffusées dans les médias (28 %). Seuls, 18 % obtiennent ces informations par le biais de leur médecin (1). Face à ce constat, la question du risque de mésusage ou d’interactions avec d’autres traitements peut se poser, mais également celle du risque de perte d’informations du fait de l’absence de visibilité, par le corps médical, sur l’ensemble des traitements pris. Aux États-Unis où, selon les estimations 36 à 62 % des adultes utilisent au moins une thérapie complémentaire de plus en plus de professionnels s’interrogent sur ce point (2).
Des situations plus à risque
Un récent article mis en ligne sur Natural Medicines Comprehensive Database alerte spécifiquement les professionnels sur le risque périopératoire de la prise de médecines naturelles par les patients. Selon les auteurs, « naturel » est souvent synonyme de « sans risque » pour les patients qui, de ce fait, n’assimilent pas les médecines naturelles à des traitements. Ainsi, 70 % des patients ne mentionneraient pas leur usage de produits à base de plantes si la question ne leur est pas explicitement posée. Or, il est un fait que certaines plantes courantes agissent sur la fluidité du sang, c’est le cas par exemple du ginkgo biloba dont l’effet sur l’agrégation plaquettaire est connu. D’autres encore comme l’ail (Allium sativum) contribuent à réduire la pression sanguine, ce qui, pour la majorité des patients, ne présente aucun risque, mais peut, associés à d’autres médicaments hypotenseurs ou chez des patients en état instable après une opération, entraîner des complications.
En conclusion, les auteurs, conscients de la place de plus en plus importante des médecines naturelles pour les patients, recommandent aux professionnels d’interroger systématiquement, en amont de toute intervention chirurgicale, les patients sur leur usage de plantes, de vitamines ou minéraux ou tout autre produit naturel et d’arrêter la prise de ces derniers deux semaines avant la date prévue de l’intervention.
(1) Molassiotis A et al. Use of complementary and alternative medicine in cancer patients: a European survey. Ann Oncol 2005 ; 16 : 655-63.
(2) The perioperative use of natural medicines. www.naturaldatabase.therapeuticresearch.com. Consulté le 19/07/2016.
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