AUTREFOIS, on se représentait le pharmacien comme le détenteur de plantes grâce au mélange desquelles il faisait des miracles. Puis l’allopathie a connu l’essor considérable que l’on sait et a fini par détrôner la médecine naturelle dans les officines. Aujourd’hui, l’offre est assez homogène dans la plupart des officines mais quelques-unes ont choisi de se démarquer en proposant un retour à ces médecines dites « douces ». Cette spécialisation ne se fait pas du jour au lendemain. C’est ce qu’explique Danièle Festy, pharmacienne titulaire à Paris qui, en quarante ans, a pu développer sa passion au sein de trois officines successives. De fil en aiguille, à son intérêt pour les plantes et mélanges de plantes, la titulaire a ajouté d’autres spécialisations : l’homéopathie, la métallothérapie et l’aromathérapie. Ses formations lui ont permis de rencontrer des professionnels très spécialisés et passionnés par des domaines pointus tels le rééquilibre micronutritionnel et lui ont donné du grain à moudre. À partir de là, la passion et l’investissement personnel ont fait le reste.
Aujourd’hui, l’allopathie ne représente plus que 30 % de ses références.
Médecine naturelle.
Une passion qui colle aussi à la peau de Sophie Tariel, pharmacienne titulaire à Rennes, mais dont l’origine est différente puisque c’est en allant vivre aux États-Unis qu’elle a découvert des cliniques de naturopathie et qu’elle y a fait du bénévolat. À partir de là, elle s’est spécialisée dans les compléments nutritionnels et la phytothérapie via Europhyto, puis s’est installée dans une officine rennaise, déjà précédemment tenue par un naturopathe, et dans laquelle 40 % de ses produits sont destinés à la médecine naturelle, occupant la moitié de sa surface de vente.
La médecine naturelle n’occupe pas seulement de l’espace, elle occupe aussi du temps. « Au comptoir, je peux passer jusqu’à une demi-heure avec une personne », souligne Danièle Festy. « Après un questionnaire sur son alimentation, son régime physique et ses habitudes, vient la proposition de traitements rééquilibrants, le conseil en médecine naturelle et les conseils d’hygiène associés. Les gens nous connaissent et s’attendent au discours que nous allons leur tenir. Par exemple, à une personne qui souffre régulièrement de cystites, nous allons conseiller des huiles essentielles pour traiter la crise et des probiotiques ainsi que de la canneberge pour modifier son terrain. Cette « pharmacie prédictive » permet d’éviter un recours systématique aux antibiotiques qui a pour conséquence néfaste une réponse moindre à ceux-ci et un risque accru de rechutes. »
Conseils sur rendez-vous.
Une demi-heure, c’est aussi le temps que Sophie Tariel estime passer avec certains de ses clients. Elle propose d’ailleurs aux personnes volontaires des rendez-vous pour un entretien spécialisé.
Du temps, il faut accepter d’en passer au comptoir mais aussi en formation, surtout lorsqu’on commence à s’investir dans le domaine. Sophie Tariel se forme maintenant grâce à la presse orientée vers la médecine naturelle et à l’occasion de formations suivies tous les trimestres. Ses employés suivent également une formation une fois par mois. Danièle Festy est aussi attachée à ce que toute l’équipe officinale soit formée, que ce soit via des formations ou en « prenant de la graine » au comptoir.
Beaucoup de laboratoires se sont investis dans la médecine naturelle et proposent un large éventail de produits. Comment sélectionner les produits à référencer ? Danièle Festy épluche tout : « les compléments nutritionnels sont choisis en fonction de leur qualité, de leur formulation. Trois à quatre marques d’huiles essentielles se distinguent des autres pour leur qualité. À force d’expérience, on réfléchit à ce qu’on apprend et on acquiert un esprit suffisamment critique. » Esprit critique et expérience l’ont d’ailleurs amenée à éditer une série de livres sur le sujet. Sophie Tariel est particulièrement attachée à proposer une offre qu’on ne trouve pas ailleurs. Sa sélection se fait aussi en fonction de la sécurité, du contrôle de la qualité pharmaceutique et de la composition (produits non OGM).
Le mystère olfactif.
Développer la médecine naturelle exige donc un investissement en temps et en énergie considérable, et surtout une passion durable. Le jeu en vaut-il la chandelle ? L’engouement de la population pour vivre plus sainement et s’occuper de soi laisse penser que oui. Face aux fléaux actuels que sont les cancers, mais aussi l’obésité, les maladies cardiaques, de plus en plus de personnes, et de plus en plus jeunes, sont demandeurs de prévention par des thérapeutiques alternatives.
De plus, l’atmosphère qui se dégage de ces pharmacies ne laisse pas indifférent. C’est ce qu’explique Olivier Bonis, titulaire d’une pharmacie à Bordeaux : « Nous avons installé une dizaine de petits sacs en vrac avec plantes, racines, mélanges… Il s’en dégage une odeur particulière quand on pousse la porte de la pharmacie due aux effluves de plantes séchées, qui créent un mystère olfactif ». Il y a cinq à six ans, lors d’une extension, sa consœur a eu l’idée d’exploiter une partie de la pharmacie pour développer une activité d’herboristerie. Si l’activité ne représente encore qu’une maigre part de l’activité totale, l’officine référence environ 140 plantes, via un seul et unique laboratoire breton, en respectant les 20 % de plantes qui représentent 80 % des thérapies. Les titulaires ont installé une sorte de bibliothèque présentant des « recettes » qu’ils mettent à disposition du public. Lors d’un conseil, ils proposent facilement d’associer une tisane en infusion et suggèrent des mélanges.
Voilà de quoi faire germer quelques idées…
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