Dès demain, les pharmaciens du Doubs recevront les doses de vaccin Moderna qu’ils auront commandées en début de semaine. Un flacon est prévu par officine ainsi que par médecin vaccinateur. Leurs confrères de la Haute-Saône leur emboîteront le pas le 17 mai. 40 000 doses seront livrées chaque semaine au cours des trois prochaines semaines. Cette vague de vaccins à ARN messager en ville fait suite à l’expérimentation qui s’est déroulée en Moselle courant avril.
Cette nouvelle expérimentation s’en distingue cependant en deux points. Outre leur fonction de vaccinateurs, les pharmaciens vont en effet jouer pleinement leur rôle de logisticien, comme le souligne Pascal Louis, président de l’URPS Pharmaciens de Bourgogne Franche-Comté. Car, à l’inverse des pharmaciens mosellans qui avaient reçu les doses qui leur avaient été affectées, leurs confrères francs-comtois recevront les vaccins en flux tirés. En effet, en début de semaine, les quelque 170 officinaux concernés dans la région ont communiqué à l'URPS leurs propres besoins ainsi que ceux des médecins. Ces commandes ont été transmises à la répartition, qui prend ici une position pivot. En effet, centralisées par la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), elles ont été redescendues hier aux agences du département pour une livraison en officines demain et lundi.
Dernière expérimentation avant l'extension
Cette nouvelle organisation préfigure sans doute ce que pourrait être l’élargissement de la vaccination par ARN messager sur l’ensemble du territoire. Pour l’heure, l’outil co-construit par l’ARS, les URPS et les grossistes-répartiteurs va être adapté à la Haute-Saône dès la semaine prochaine. La vaccination devrait y débuter le 17 mai. L’analyse a posteriori des pharmaciens expérimentateurs présentera un grand intérêt pour ajuster les campagnes suivantes.
La manipulation d’un vaccin à ARN messager requiert en effet quelques précautions. Ainsi, comme le signale Pierre-Olivier Variot, vice-président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ce vaccin qui est stocké congelé chez le grossiste-répartiteur, puis acheminé en cours de décongélation à l’officine, nécessite une chaîne solide. Il s’agit en effet de réétiqueter chaque flacon en fonction de sa date de décongélation et de veiller à la péremption, la limite d’utilisation étant d’un mois.
Si les pharmaciens disposent de toutes les compétences nécessaires pour assurer cette sécurité – ils l’ont prouvé en début d’année avec la distribution du vaccin Pfizer/BioNTech en Ehpad -, une réévaluation de la rémunération s’avère nécessaire au regard des précautions supplémentaires que devra prendre l’officine. « J’ai demandé plusieurs fois à Thomas Fatôme, directeur général de l’assurance-maladie, de m'indiquer le montant d’une injection en vaccinodrome… Je n’ai toujours pas eu de réponse », remarque Pierre-Olivier Variot. Selon lui, l’administration d’un vaccin à ARN messager en centre de vaccination reviendrait à une centaine d’euros tout compris.
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