Admettons que l’officine parvienne à réaliser 43 % des vaccins de l’adulte (plus de 15 ans) listés dans l’avis de la HAS, un taux qu’elle atteint aujourd’hui pour la grippe, cela représenterait un volume potentiel compris entre 1,5 et 2 millions d’injections supplémentaires par an.
Le GERS Data, à l’origine de cette projection émise le 15 février, a poursuivi ses investigations. « 21 millions de doses de vaccins sont aujourd’hui vendues chaque année en officine, dont 67 % concernent la grippe », rappelle David Syr, directeur général adjoint de GERS Data. L'organisme a affiné son approche en ventilant ces volumétries (voir tableau) sur deux catégories (moins de 15 ans et plus de 15 ans). Il a ensuite appliqué à la catégorie des vaccins des plus de 15 ans le taux de 43 % correspondant à celui de la vaccination de la grippe en officine. Résultat, sur les 4,4 millions de vaccins concernés, 1,89 million pourraient être injectés par le pharmacien.
Avec, néanmoins, des disparités liées à la nature du vaccin. Ainsi, le vaccin contre le méningocoque, s’adressant à 94 % aux moins de 15 ans, aura peu d’incidence sur l’activité officinale. À l’inverse, les ventes de DTPC (diphtérie, tétanos, poliomyélite et coqueluche) concernent, à l’officine, majoritairement les plus de 15 ans (84 %), soit une volumétrie de 2,7 millions d’injections par an, dont 43 % pourraient – potentiellement — revenir au pharmacien. De même, le GERS estime que près de la moitié des vaccins HPV vendus en pharmacie est destinée aux plus de 15 ans. Soit 700 000 doses, dont 43 % pourraient être, elles aussi, administrées à l’officine. Cette volumétrie est sensiblement supérieure à celle de l’hépatite, un vaccin qui pourtant s’adresse dans 98 % des cas aux plus de 15 ans.
Différents scénarios
Ces projections ne sont données qu'à titre indicateur. De plus, elles se basent sur les ventes de 2021. Or, comme l’extension du rôle du pharmacien vise à augmenter la couverture vaccinale des Français, on peut s’attendre à des volumétries plus importantes dans les années à venir. C’est en tout cas l’effet espéré de la simplification de la démarche vaccinale auprès d’un acteur de proximité facilement accessible.
Une seconde inconnue subsiste. En termes de retombées économiques pour l’officine, il est aujourd'hui difficile d'avancer des chiffres. Car, comme le souligne le GERS Data, on ne peut aujourd’hui prédire si la vaccination sur prescription médicale restera dominante, auquel cas le pharmacien vaccinateur touchera 7,50 euros, comme prévu dans la convention pharmaceutique à venir. Ou si, lui-même prescripteur de la vaccination, l’officinal percevra 9,60 euros, rémunération équivalente à celle du médecin. « Ou encore, si le dispositif actuel persistera, c’est-à-dire que le patient continuera à venir chercher son vaccin à l’officine pour se le faire administrer par son médecin », relève David Syr, ajoutant que le système devrait être désormais élastique à la demande pour désengorger les cabinets de ville.
Quoi qu’il en soit, des hypothèses peuvent être néanmoins émises en appliquant les tarifs prévus par la convention pharmaceutique. Une fourchette intermédiaire équivaudrait à appliquer le tarif de 9,60 euros du pharmacien vaccinateur et prescripteur au 1,89 million d’injections supplémentaires par an. Soit une rémunération de 18,144 millions d’euros pour le réseau officinal. La fourchette la plus haute consisterait à tabler sur un 100 % d’injections par le pharmacien pour les 4,4 millions de vaccins pouvant être potentiellement prescrits et administrés en officine. Ce serait alors 42,240 millions d’euros qui reviendraient à la profession. « Une volumétrie maximale, en l’état actuel des données, mais qui ne tient pas compte du fait qu’une frange de prescripteurs subsistera très certainement », tient à préciser David Syr.
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