Restauration, tourisme, ingénierie, BTP… Tous les secteurs peinent à recruter ces derniers mois et la pharmacie ne fait pas exception. Selon la dernière étude de la Banque de France publiée en juillet, 48 % des entreprises françaises y sont confrontées, contre 37 % trois mois plus tôt.
Ce manque de bras est, aux yeux de Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), la raison pour laquelle tous les confrères n’ont pas pu s’engager dans la vaccination ou les tests antigéniques au cours de la crise, ou dans les nouvelles missions comme les entretiens pharmaceutiques. « On voit qu’il n’y a pas eu de crise économique dans notre secteur grâce à l’engagement dans la vaccination et le dépistage du Covid-19, mais ces puissants relais de croissance n’ont profité qu’à la moitié du réseau, l’autre moitié n’a pas pu mettre en œuvre ces services car les ressources humaines manquaient », analyse-t-il.
Emplois partagés
Alain Grollaud, président de la chambre syndicale des groupements et enseignes FEDERGY, fait le même constat. « Des officines n’ont pas pu s’engager dans certaines missions, non pas parce qu’elles ne voulaient pas mais parce qu’elles n’avaient pas les moyens humains pour le faire. » C’est pourquoi il propose de mener une réflexion sur « les emplois partagés » pour les pharmaciens adjoints, les préparateurs et même les infirmiers. « Dans le contexte du déplacement de la vaccination Covid vers la ville avec la fermeture progressive des centres de vaccination, et alors que la campagne de vaccination contre la grippe démarre, il nous faut des ressources humaines supplémentaires. L’une des solutions serait de nous donner la possibilité de faire appel aux infirmiers par exemple, et j’en connais dont le centre de vaccination ferme qui seraient très heureux de venir à l’officine. Mais tout cela nécessite une évolution du Code de la santé publique. »
Déploiement des missions
Une réflexion intéressante, selon Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, qui regrette que tout le réseau ne soit pas impliqué dans la vaccination et les tests Covid, ainsi que dans les entretiens pharmaceutiques et les bilans partagés de médication. « Il nous manque 8 000 à 10 000 personnes dans les pharmacies. On a 12 000 pharmacies qui font des tests, on en a 15 000 qui vaccinent sur les 20 000 du réseau. Celles qui ne participent pas à ces actions, c’est essentiellement en raison d'un manque de personnel. L’un des objectifs de la convention pharmaceutique doit donc être le déploiement des missions. » Et pour cela, il faut une enveloppe pour financer et revaloriser les salaires, prévient-il. Et qu'après l'accord conventionnel signé avec l'assurance-maladie, la profession ne soit pas impactée par un « PLFSS qui nous fait les poches ». C'est pourquoi la FSPF milite pour que les économies demandées à la pharmacie chaque année dans le PLFSS soient comptabilisées dans le cadre conventionnel.
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